Les pesticides sont un bienfait de la chimie moderne qui s’est transformé en plaie généralisée. C’est la thèse que défendent Fabrice Nicolino et François Veillerette, respectivement ancien journaliste du Canard enchaîné et militant écologiste de longue date, dans un véritable réquisitoire dirigé contre une industrie née en 1945.
Pesticide (de l’anglais « pest » =ravageur) : « produit chimique destiné à lutter contre les parasites animaux et végétaux nuisibles aux cultures ». Derrière cette définition se cache une industrie géante qui aurait pris le pouvoir en France en diffusant un grand nombre de molécules chimiques.
La France, champion européen des pesticides
La France est le 1er pays européen pour l’utilisation de pesticides avec 78 000 tonnes de produits phytosanitaires répandus dans les champs. Les produits phytosanitaires, qui sont présents dans 2/3 des produits classiques non bio, ne se retrouvent pas dans les produits bio.
Un rapport officiel du Department for Environment, Food and Rural Affairs (DEFRA) britannique confirme que la production de produits biologiques a moins d’impact sur l’environnement que la production conventionnelle moderne qui utilise engrais et pesticides. Selon l’IFEN, Institut français de l’environnement, 96 % des rivières et 61 % des nappes d’eau souterraines sont contaminées. Or, les pesticides qui se sont infiltrés vont mettre jusqu’à 30 ans pour s’éliminer des sols !
Un début de baisse en 2012
La consommation de pesticides en France représente environ 5 kilo par hectare cultivé ! Cette consommation a enregistré une baisse de – 5,7 % , soit 59.300 tonnes par an. Cela représentait environ 26 000 tonnes d’herbicides, 36 000 tonnes de fongicides, 2.000 d’insecticides par an en France en 2013. La viticulture qui ne représente pourtant que 3 % des surfaces cultivées en consomme 20 % du tonnage total.
> Plus de chiffres sur les pesticides : Consommation de pesticides phytosanitaires en France
Trop de pesticides dans nos sols
L’enquête relatée dans l’ouvrage montre que cette diffusion massive des produits phytosanitaires s’est faite avec la complaisance de l’administration en collusion avec différents lobbys pro produits chimiques. Parmi ces groupes de pression, on peut citer le lobby agricole qui a longtemps pesé lourd en France ou encore l’UIPP, l’Union des industries de la protection des plantes, lobby des grands semenciers.
Au fil des années, le regard porté sur les quelque 100 000 molécules mises sur le marché a lentement évolué. Les ravages des pesticides dans le milieu agricole ont fini par faire parler d’eux : en 1999, la MSA, la Mutualité Sociale Agricole a constaté que quelque 100 000 agriculteurs souffraient de troubles de santé causés par une utilisation trop fréquente des pesticides. Dans la foulée, la MSA a lancé une grande enquête nationale visant à mesurer l’effet de ces produits sur la santé de ses utilisateurs dont les résultats seront connus en 2008.
De même, la position de l’INRA, Institut national de la Recherche Agronomique, qui a longtemps soutenu le développement de nouveaux pesticides, a pris des positions plus balancées : en 2005, un rapport de l’INRA préconisait la diminution des quantités de pesticides utilisées, mettant en relief les effets néfastes d’une utilisation industrielle des engrais et pesticides chimiques.
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