La saison de la pêche au thon va à nouveau s’ouvrir dans un contexte de relative indifférence qui contraste avec les passions déclenchées les années passées par les excès des thoniers-senneurs et de la pêche illégale. C’est le carton rouge de la semaine.
Qui va défendre le thon rouge de Méditerranée ?
Cette année les associations de défense de l’environnement qui luttaient contre la pêche au thon rouge de Méditerranée ne sont plus l’arme au pied.
Pour la prochaine saison de pêche, le thon rouge ne sera défendu par personne. Les bancs de thon n’auront plus de protection face aux thoniers-senneurs et à la technologie moderne.
Greenpeace, qui a un temps mené des campagnes choc pour sauver le thon, porte ses efforts vers de nouveaux horizons plus médiatiques (poisson-chats). Le léger mieux dans la population des stocks suffit, semble-t-il, à contenter l’ONG pour le moment.
Paul Watson navigue quelque part en haute, se cachant autant qu’il chasse les navires de pêche illégale. Non décidément, la saison risque fort d’être rouge sang pour le thon qui ne pourra se réfugier que derrière le visa de pêche accordé par l’Union européenne.
Faible protection puisque l’Agence européenne de la pêche ne pourra mobiliser que 22 vedettes côtières et 6 navires de haute mer, bien peu couvrir efficacement une telle superficie. D’autant plus que l’on sait que la pêche illégale est également pratiquée par des navires qui se réfugie sous un pavillon étranger, notamment libyen, et pratique leurs razzias près des côtes africaines bien loin des yeux européens.
On nous dit que les thoniers auraient été sensibilisés et bien mieux formés … mais qui croit à l’auto-limitation de la part d’une corporation qui a démontré ne pas savoir tricher qu’un petit peu mais qui est réputée pour pulvériser les quotas qui lui sont accordés.
Où en sont le stock de thon rouge et les quotas ?
Globalement, les quotas sont de 13.500 tonnes pour 2013 et 2014 (contre 28.500 tonnes en 2008 et de 22.000 tonnes en 2009), avant que l’espèce soit officiellement déclarée en voie de disparition par l’ONU.
2 471 tonnes de thons ont été accordés aux Français pour 2013 et réparties par organisations de producteurs et par navires pour ce qui concerne les senneurs. Les pêcheurs de Méditerranée en exploiteront 2 199 tonnes, ceux d’Atlantique 247 tonnes et les pêcheurs de loisirs 20 tonnes. Cela dans un contexte où les scientifiques de la Cicta (Iccat en anglais) notent un léger mieux dans la population de thons rouges .
Le Japon reste le principal acheteur de thon rouge, absorbant 80 % des volumes pêchés en Méditerranée.
D’après une étude du WWF, 18.000 tonnes de thon rouge ont été vendues illégalement entre 2000 et 2010.
Entre des quotas trop élevés, des techniques de pêche de plus en plus ravageuses, une culture systématique de la triche, une « police » aux moyens dérisoires et l’absence des habituels défenseurs de l’environnement, les – derniers – thons rouges de Mare nostrum ne pas franchement rigoler cette année.
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