Pêche française : quand 1 % des navires émettent un tiers des gaz à effet de serre

Manger du poisson ou des fruits de mer, c’est aussi contribuer aux émissions de CO2 ! En la matière, la flotte de pêche française pourrait clairement mieux faire, peut-on lire dans un rapport réalisé par deux associations.

Rédigé par , le 18 Nov 2025, à 10 h 08 min
Pêche française : quand 1 % des navires émettent un tiers des gaz à effet de serre
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Bien qu’ils ne représentent que 3,7 % de la flotte, les navires de plus de 24 mètres sont responsables de 49 % des émissions de l’ensemble de la flotte de pêche, apprend-on notamment dans ce rapport(1).

Émissions de CO2 : le chalutage de fond est particulièrement préjudiciable

En France, le secteur de la pêche a occassionné l’émission de 1,14 million de tonnes de CO₂ équivalent (CO₂e) en 2022, soit environ 0,2 % de l’empreinte carbone nationale. C’est certes peu, mais il existe néanmoins d’importants écarts entre les différents dispositifs de pêche. Il faut savoir que les navires de plus de 24 mètres occasionnent 49 % des émissions, alors qu’ils ne représentent que 3,7 % de la flotte. À l’inverse, les plus petits navires (moins de 12 mètres) pratiquant la pêche aux arts dormants (casiers, lignes, filets), qui composent 73 % de la flotte française, sont responsables de 14 % des émissions du secteur, nous apprennent les associations The Shift Project et BLOOM dans un rapport conjoint, publié le 17 novembre 2025.

Cette concentration des émissions s’explique par la nature de l’exploitation de ces navires : les chalutiers démersaux, qui pratiquent le chalutage de fond, sont particulièrement énergivores. De plus, le chalutage de fond occasionne une perturbation du carbone sédimentaire, réduisant en moyenne de 73 % le flux net d’accumulation de carbone organique dans les sédiments. À l’échelle de la mer du Nord, cela correspond à une perte estimée à environ 2 millions de tonnes de CO₂ par an. Selon un modèle cité par les deux associations, environ la moitié de ce carbone pourrait être réémise dans l’atmosphère à moyen terme. Ce coût carbone est amplifié par le fait que certains de ces navires bénéficient d’exonérations. En effet, certains chalutiers de fond sont exonérés de la taxe sur la consommation de produits énergétiques, un avantage fiscal qui favorise les plus gros émetteurs.

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Une quantification rigoureuse de l’empreinte carbone des pêches

Ce bilan carbone constitue une première référence dans le paysage français de la pêche : c’est la première fois que l’empreinte des pêches a été quantifée à l’échelle nationale, depuis la construction des navires jusqu’au débarquement. En documentant cet état des choses, l’étude met indirectement en évidence des leviers potentiels pour la décarbonation : orienter les politiques publiques vers une taxation plus juste de l’énergie, repenser les subventions ou encore encourager des pratiques moins perturbatrices du carbone sédimentaire.

Le rapport ne formule pas de recommandations ni ne propose des scénarios de transition ; il s’agit avant tout d’un état des lieux rigoureux, conçu pour servir de base de données partagée par les chercheurs, les décideurs publics et les acteurs du secteur. En rendant ces informations transparentes, BLOOM et The Shift Project ouvrent un débat nécessaire sur la manière de réduire les émissions de GES dans un secteur souvent oublié des grandes stratégies climatiques.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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