Le chalutage de fond, une technique de pêche non durable, constitue l’un des combats écologiques les plus importants de ces dernières années. En effet, la pêche en eaux profondes est une technique peu pourvoyeuse d’emplois et qui constitue un désastre pour la biodiversité marine, car elle racle les fonds marins pour pêcher uniquement certaines espèces.
Dès 2012, consoGlobe dénonçait cette technique de pêche en eaux profondes en lançant notamment une pétition sur le sujet. Malgré le succès de la mobilisation populaire, le Parlement européen avait décidé en décembre 2013 de rejeter l’interdiction du chalutage en eaux profondes.
Le 17 mars 2016, c’est au tour de l’Assemblée Nationale de rejeter cette interdiction dans le cadre de la loi sur la biodiversité. Un nouvel échec donc pour l’interdiction de la pêche en eaux profondes. Toutefois, certaines grandes enseignes n’attendent pas la loi pour s’engager contre cette pratique.
La grande distribution s’engage enfin contre la pêche en eaux profondes
Certaines enseignes se sont engagées, au nom de leur image responsable en terme de respect de l’environnement et des ressources halieutiques, à des efforts plus ou moins importants pour se préserver de la suspicion de l’opinion publique à leur encontre.
Intermarché arrête progressivement la pêche en eaux profondes
Intermarché est un partisan historique de la pêche de poisons des profondeurs car l’enseigne est la seule a posséder sa propre flotte de pêche, la controversée Scapêche. Intermarché a longtemps milité pour le maintien de chalutage de fond.
La Scapêche, filiale d’Intermarché, fait travailler 220 marins sur 18 navires dont les 6 plus gros – jusqu’à 46 mètres de longueur – spécialisés dans la pêche profonde, surtout au large de l’Irlande et de l’Écosse.
Tardivement, elle a annoncé le 29 mars dernier un désengagement progressif de la pêche en eaux profondes d’ici 2025. L’enseigne a, d’autre part, déjà arrêté en 2015 toute activité de pêche à plus de 800 mètres de profondeur.
L’enseigne a lancé un plan « pêche durable 2025 » pour réformer ses pratiques. Ce changement fait suite à une dégradation de l’image du supermarché suite aux nombreuses campagnes lancées par les ONG, comme expliqué ci-dessous en 2013.
« Le consommateur recherche un poisson de qualité à prix compétitif, toute l’année mais il est aussi de plus en plus sensible à une consommation responsable », indique Didier Duhaupand, le président d’Agromousquetaires, la filiale d’Intermarché en charge de la Scapêche.
Les efforts des autres enseignes
Carrefour et Casino se sont engagés à retirer de la commercialisation les espèces concernées par la pêche en eaux profondes. Le 20 décembre 2013, le groupe Auchan annonçait dans un communiqué la suspension de la commercialisation de trois espèces particulièrement représentatives du péril de la biodiversité des fonds sous marins :
Une technique de pêche désastreuse
Selon un sondage BVA, en 2013, 71 % des français sont opposés à la pêche en eaux profondes, et sont prêts à mettre la pression sur les enseignes en boycottant le poisson pêché en eaux profondes.
D’immenses filets lestés raclent les fonds marins jusqu’à 1.800 mètres de profondeur et dévastent des éco-systèmes multi-millénaires et des espèces vulnérables, dont certaines, menacées d’extinction.
L’enjeu n’est pas si grand du point de vue économique.
L’élimination progressive des chaluts de fond et filets maillant de fond par les pêcheries européennes d’espèces profondes ne concernerait que 1 % du total de la pêche du la zone visée, l’Atlantique du Nord-Est.
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Le classement 2015 des distributeurs vertueux