Le 8 novembre prochain, la France ouvrira son onzième Parc National entre la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est. Un écosystème à la biodiversité exceptionnelle.
Le onzième Parc national français dédié à la forêt en Bourgogne Champagne deviendra une zone protégée entièrement dédiée à la protection de la forêt et sera, en partie, réservée aux chercheurs.
La forêt de Champagne-Bourgogne, un patrimoine inestimable
C’est un immense territoire de 240.000 hectares de forêts qui va bientôt devenir le onzième Parc national de France. Entre chênes, frênes, charmes et hêtres, la forêt de Champagne-Bourgogne abrite une biodiversité à couper le souffle. Plus de quinze essences d’arbres par hectare y sont rassemblées. D’ailleurs, 80 % de cette forêt existaient déjà à la Révolution française.
Aucun Parc national français ne représentait la forêt feuillue de plaine. C’est désormais chose faite. Ce patrimoine exceptionnel sera à l’avenir davantage préservé par le biais du futur Parc national. L’immense forêt abrite des massifs forestiers, des prairies naturelles et des végétaux. Cette forêt est le refuge de nombreuses espèces vivantes. On y trouve des animaux rares comme la cigogne noire, la chouette de Tengmalm, le chat sauvage et le Damier du frêne, une espèce de papillon.
Une cigogne noire © CezaryKorkosz
On y rencontre également des cerfs, des sangliers et des chevreuils. Les oiseaux forestiers sont aussi largement présents. Toutefois, la richesse de cette faune se cache davantage dans le sol et le bois, comme les saproxyliques qui participent au recyclage de la matière organique. Le Parc compte également 694 kilomètres de cours d’eau et de nombreux vestiges archéologiques.
Un long processus d’élaboration
Dix ans se sont écoulés avant que le nouveau Parc national puisse voir le jour. Lancé en juillet 2009, le projet a rencontré de nombreuses embûches. La création du Parc a même presque été abandonnée du fait de la pression d’opposants. Agriculteurs, chasseurs ou forestiers, certains ont craint une surprotection de leur territoire. D’autres s’inquiètent de ce que les écologistes pourraient s’opposer aux activités traditionnelles du territoire. Pourtant, l’exploitation du bois, de la pierre et l’agriculture resteront d’actualité dans le futur Parc National.
Le Parc national abrite des arbres très anciens ©Roxana Bashyrova
Le Parc national comprendra 129 communes de Haute-Marne et de Côte d’Or. De plus, une soixantaine d’entre elles se trouve dans le coeur du Parc, davantage préservé. La vie économique locale est majoritairement associée à la forêt. Le maire d’Arbot, qui comprend 650 hectares de forêt, est inquiet. Il explique sur France Inter : « Mes craintes c’est qu’il y ait des contraintes sur la chasse et que les gens ne viennent plus chasser. Si on m’arrête les locations de chasse c’est une perte financière pour la commune de 15 %. Ensuite on vend également pour environ 15 % de notre budget de bois communal, s’il y a trop de contraintes les gens ne viendront plus acheter cette forêt, ce qui nous fera une perte sèche ».
Une zone exclusivement réservée aux chercheurs
Le futur Parc national espère accueillir 100.000 visiteurs chaque année. De nouvelles infrastructures touristiques devraient être développées prochainement et leur permettre de découvrir cette forêt. D’autres habitants dans la zone du parc voient ce nouveau projet comme une opportunité. C’est le cas de ce jeune couple qui s’y est installé afin de créer une fromagerie de brebis.
L’autre projet ambitieux du parc est de devenir le centre de recherche d’Europe sur la forêt. Pour cela, une parcelle de 3.000 hectares a été spécifiquement réservée aux chercheurs. Les scientifiques vont pouvoir étudier la forêt et sa régénération. Ces zones préservées jouent un rôle de témoin pour en apprendre davantage sur l’évolution du site, notamment face à l’action de l’homme au cours des années. Ces recherches permettront aux équipes du parc de gérer au mieux le territoire, mais aussi de comprendre davantage ce que recèle cet écosystème.
Illustration bannière : Cerf en forêt – © smileus