Utiliser un papillon et le modifier génétiquement pour compromettre sa descendance et protéger les cultures de choux et autres crucifères : c’est l’idée développée par une entreprise américaine. Zoom sur cette pratique, qui risque de faire bien des vagues ou d’enthousiasmer….
Le Plutella xylostella : papillon non grata
Le Plutella xylostella, plus communément appelé teigne des crucifères ou teigne des choux, est un papillon connu pour être particulièrement nuisible aux cultures crucifères (choux, cresson, roquette, colza etc.).
Afin de protéger les plantations de cet insecte, Oxitec, une entreprise britannique en lien avec l’Américain Syngenta, a développé une technologie visant à modifier génétiquement ces papillons.
Le but ? Empêcher les papillons d’avoir une descendance.
Oxitec : une méthode radicale
La méthode développée par Oxitec est appliquée aux papillons mâles adultes. Elle consiste à introduire un gène dit « de létalité » aux insectes. Celui-ci se transmettant aux larves issues de leur reproduction empêcherait les larves d’atteindre l’âge adulte.
Et l’entreprise n’en est pas à son coup d’essai concernant la modification génétique d’insectes pour en réduire la population. En effet, en juillet dernier, l’État de Bahia au Brésil accueillait le 1er élevage à grande échelle de moustiques OGM… pour lutter contre les moustiques.
Objectif ? Lutter contre la dengue, maladie tropicale parfois mortelle.
Mais le lâcher de moustiques transgéniques au Brésil répondait à une logique humanitaire : celle de venir en aide à des pays pauvres dans la lutte contre la dengue.
Or, concernant le Plutella xylostela, le processus s’inscrit dans une démarche de rendement agricole. Il faut éradiquer les parasites de cultures industrielles. Ce qui représente un marché potentiellement plus juteux que celui de la lutte contre la dengue.
Extermination du Plutella xylostella : le projet à l’étude
Les services d’inspection des animaux et des plantes américains (APHIS-USDA) étudient actuellement le projet, et ce dernier pourrait être expérimenté dans l’Etat de New-York d’ici peu.
Au grand dam de certaines ONG, à l’image de GeneWatch, qui dénoncent une étude d’impact incomplète et des évaluations insatisfaisantes. Car il faut noter que le gène modifié chez les papillons mâles impacterait seulement le développement des larves femelles. Il n’aurait donc aucun effet sur les larves mâles qui pourront atteindre normalement l’âge adulte.
Cette préoccupation s’ajoute à une question sur la viabilité du projet posée par les ONG : la quantité de papillons transgéniques nécessaire pour réellement réduire les populations de nuisible est de 10 mâles pour une seule femelle sauvage.