Une proposition de loi, votée à l’unanimité en commission des affaires sociales, élargit les compétences des infirmiers en pratique avancée. Ils pourront bientôt prescrire eux-mêmes des traitements (en informant toujours le médecin traitant).
L’idée de confier des tâches simples aujourd’hui réalisés par un médecin généraliste aux infirmiers, kinésithérapeutes et orthophonistes fait son chemin, la loi proposition de loi pour lutter contre les déserts médicaux vient d’être adoptée.
Libérer du temps aux médecins, une piste pour lutter contre les déserts médicaux
Conformément aux recommandations du Comité de Liaison des institutions ordinales (CLIO) formulées en octobre 2022, une proposition de loi, portée par la députée Stéphanie Rist (Renaissance), vise à permettre aux infirmiers, kinésithérapeutes et orthophonistes de se substituer dans certains cas à un médecin généraliste. Comme l’explique Stéphanie Rist dans un entretien au Journal du dimanche, l’objectif est d’« améliorer l’accès aux soins en libérant du temps de médecin et améliorer la qualité de prise en charge des patients en favorisant la coopération entre professionnels ». Cette mesure constitue donc l’une des briques destinées à lutter contre les déserts médicaux.
Concrètement, dans les maisons de santé et centres de santé, les patients présentant des cas simples pourront être pris en charge par une infirmière en pratique avancée. Il s’agit d’infirmières qui sont formées à l’université avec un diplôme universitaire, soit deux années d’études en plus, ainsi que deux années d’expérience en grade master. Quant aux soins spécialisés prodigués par les kinésithérapeutes et orthophonistes, la proposition de loi instaure un « accès direct » à ces professionnels, dès lors qu’ils exercent dans un établissement de santé.
Cet élargissement des compétences des infirmiers et kinés n’est pas du goût des médecins généralistes
Autre nouveauté apportée par ce texte : l’ensemble des infirmiers seront autorisés à prendre en charge les plaies, en coordination avec un médecin et à condition d’avoir suivi une formation dédiée. Les pharmaciens, quant à eux, pourront renouveler les traitements chroniques pour une durée maximale de trois mois, lorsque le médecin prescripteur n’est pas disponible. Enfin, le texte crée le statut d’assistant dentaire de niveau 2 : ils pourront réaliser des actes simples, par exemples des détartrages.
Cette proposition de loi suscite la colère du collectif « Médecins pour demain ». « Notre Président semble vouloir mettre fin à la médecine de proximité et, in fine, cantonner votre médecin à un simple coordinateur d’une « équipe soignante » en première ligne (infirmiers, kinés, pharmaciens…). […] La porte s’ouvre sur le transfert du diagnostic médical et de la prescription à des non-médecins, une médecine sans médecins », écrivent-ils dans une pétition mise en ligne le 18 janvier 2023.