L’obsolescence programmée : un terme un peu rébarbatif qui pourtant concerne chacun d’entre nous, ou tout du moins nos appareils électriques et électroniques. Petit tour d’horizon de cette pratique aberrante de la part des fabricants et des solutions pour les consommateurs.
L’obsolescence programmée est une stratégie malheureusement courante pour les entreprises consistant à planifier « la mort prématurée » de leurs produits, obligeant les consommateurs à en acheter de nouveaux. Elle se définit ainsi :
L’obsolescence programmée ou planifiée est le processus par lequel un bien devient obsolète pour un utilisateur donné, parce que l’objet en question n’est plus à la mode ou qu’il n’est plus utilisable.
En clair, certains produits sont prévus pour ne plus fonctionner ou être passés de mode après un certain temps d’utilisation afin de forcer le consommateur à les remplacer. Cette technique est particulièrement utilisée par les constructeurs d’appareils électroniques (ordinateurs, téléphones, consoles…) et électroménagers (réfrigérateurs, machines à laver…).
Sa signification ? Une stratégie planifiée dès la conception du produit qui consiste à diminuer sa durée de vie ou d’attractivité, en créant en permanence chez le consommateur le besoin de le remplacer par un nouveau.
Obsolescence programmée : la panne qui tombe à pic
Les plus jeunes n’en ont peut-être pas conscience mais nos appareils high-tech et électroménagers ont en général une durée de vie de plus en plus courte, soit parce qu’ils rendent l’âme sans crier gare, soit parce qu’ils ne sont plus tendance et « mis à la retraite » prématurément pour être remplacés par de nouveaux produits.
Pour être plus clair, vos appareils seraient fabriqués pour ne plus fonctionner ou être passés de mode après un certain temps d’utilisation. C’est ce que l’on appelle l’obsolescence programmée, pour ne pas dire la condamnation à mort de vos produits.
La durée de vie de vos appareils
Selon l’UFC-Que Choisir(1), la durée de vie moyenne des appareils électroménagers courants oscillerait aujourd’hui entre 6 à 8 ou 9 ans contre 10 à 12 ans auparavant. Par exemple :
- un ordinateur portable aurait une durée de vie comprise entre 5 et 8 ans,
- une télévision de 8 ans,
- un téléphone portable de 4 ans,
- un réfrigérateur de 10 ans.
D’autres produits sont connus pour faire l’objet d’une conception prévoyant leur obsolescence programmée : les bas nylons inventés en 1940, les imprimantes, et bien sûr les iPod, iPhone et iPad qui ne durent jamais dix ans.
Quelques autres chiffres sur l’obsolescence programmée
La durée des appareils suivants est artificiellement maintenue très bas :
- Les ordinateurs portables durent entre deux ans et demi et cinq ans au maximum. De plus, il est souvent difficile de les ouvrir, surtout quand des marques comme Apple créent des vis nouvelles pour chaque appareil.
- Les écrans plats ne résistent pas plus longtemps et connaissent un taux de panne qui peut atteindre 34 % au bout de 4 ans pour certains modèles.
- Les imprimantes destinées au grand public fonctionnent trois ans en moyenne.
- Les batteries de smartphones et de tablettes seraient conçues pour ne pas dépasser de 300 à 400 cycles de charge, ce qui représente à peine de deux à trois ans d’utilisation.
D’un autre côté, les dépenses de réparation ont chuté de 40 % de 1997 à 2007 et seuls 44 % des appareils tombés en panne seraient réparés.
À titre d’exemple, il était autrefois relativement aisé de changer les roulements du tambour d’un lave-linge. Mais de nos jours, les cuves sont fabriquées avec des roulements sertis : s’ils cassent, il faut changer tout l’appareil.
Petite histoire de l’obsolescence programmée
On peut dater le début de ce phénomène aux années 1920 et à la grande crise de 1929.
Fin 1924 à Gèneve, fut fondé Phoebus SA, un cartel des grands fabricants d’ampoules des pays industrialisés, dont Philips, General Electric et Osram. Son but ? Limiter la durée de vie des ampoules à incandescence à 1.000 heures.
Le cartel a ainsi agrégé les statistiques de durée de vie moyenne des ampoules et décidé d’infliger des amendes aux industriels dont les ampoules avaient une durée de vie supérieure à 1.500 heures. Leur stratégie fut très efficace car la durée de vie moyenne des ampoules qui était 2.500 heures en 1924, tomba à moins de 1 500 heures deux ans plus tard, avant d’être encore réduite à 1.000 heures.
Une ampoule qui donne de mauvaises idées
En 1942, cette alliance instigatrice de l’obsolescence programmée est découverte : les fabricants sont traînés en justice sur les motifs d’entente sur les prix, de concurrence déloyale et de limitation de la durée des ampoules. Dans les faits pourtant, rien ne bouge et la durée de vie des ampoules n’est jamais remontée. Dans les années qui suivirent cette affaire, plusieurs brevets visant à créer des ampoules d’une durée illimitée furent déposés, dont un filament longue durée capable de durer 100 000 heures, aucun modèle n’a jamais été commercialisé.
Lors de la Grande Dépression de 1929, aux États-Unis, Bernard London dans un livre intitulé La Nouvelle prospérité fit une proposition visant à donner plus de débouchés aux industriels : limiter légalement la durée de vie des biens de consommation. L’ « obsolescence programmée » était née.
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