L’opposition fait rage depuis plusieurs semaines entre les partisans du projet et ses opposants. consoGlobe revient sur le fond du débat : les aéroports français sont-ils tous justifiés ; fonctionnent-ils tous à 100 % ? Ne gagnerait-on pas à mettre en valeur d’autres dispositifs ? Au-delà de NDdL s’ouvre un débat de fond sur le surinvestissement en infrastructures mal sélectionnées.
Sommaire :
- Notre-Dame-des-Landes : déjà trop d’aéroports en France (partie 1)
- Les aéroports français sont déjà trop nombreux ! (partie 2)
- Des aéroports français moins, peu, ou pas utilisés (partie 3) (à venir)
Notre-Dame-des-Landes : ce qu’on nous dit
(© CC, Jean-Michel Baud)
Évidemment, des arguments en faveur du projet existent. Commençons donc par eux avant d’examiner la situation plus en détails. Les partisans du projet présentent cet aéroport de Notre-Dame-des-Landes comme compatible avec le Grenelle, un atout économique presque bon pour l’environnement…
Pourtant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes soulève bien des questions environnementales.
Trafic record pour l’aéroport de Nantes en 2012
C’est évidemment l’argument principal en faveur de cette nouvelle infrastructure. Le trafic passagers de l’aéroport de Nantes a augmenté de 12 % l’année passée, selon des informations relayées par Reuters. Sa Direction estime donc que le transfert de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est justifié. En 2012, plus de 3,6 millions de passagers sont en effet passés par l’aéroport de Nantes -Atlantique, pour 12 nouvelles lignes créées. Aéroports du Grand Ouest (AGO), filiale de Vinci, peut donc considérer l’année comme « record ». Les problèmes d’infrastructure seraient gênants, notamment en cas de pic d’affluence.
(© CC, collectif NDDL)
Si on examine le projet sur quelques années, sans se préoccuper des soucis environnementaux, le projet est certes viable. Mais, grande question : sur combien d’années ? Les prévisions de trafic tablent sur + 3 % pour 2013, « du fait de la conjoncture économique globalement incertaine’ ».
Des justifications trop bancales, selon les opposants
Pour les opposants au projet, il ne s’agit simplement que du déplacement du 3ème aéroport parisien … plus à l’ouest, puisque les lignes aériennes courtes ne sont pas rentables sur le long terme. Pour eux, le nombre de mouvements supplémentaires ne serait pas significatif, dans un aéroport reconnu comme sûr et qui pourrait être modifié pour accueillir plus de passagers.
Les études réalisées pour le nouvel aéroport ne prendraient en compte tous les coûts réels (ce que les économistes appellent les externalités, c’est à dire les coûts que supportent la collectivité, la nature… en lieu et place de l’aéroport). Aucune alternative, moins coûteuse, moins lourde, n’aurait été envisagée, si l’on en croit l’enquête menée par le cabinet d’études européen indépendant CE-Delft. Pour corriger des pics de trafic quelques jours par an, n’il y a-t-il pas d’autres solutions que construire un aéroport entier ?
Pire, si on prend en compte l’aspect écologique du projet, il se présente comme une hérésie totale, expliquent ses opposants. Et puis surtout, d’un point de vue purement pragmatique, les aéroports environnants seraient sous-exploités. La question qui se profile est : ceux qui dépensent l’argent public n’ont-ils pas la main lourde au regard des vrais besoins de notre économie et de notre territoire ?
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