Bien qu’elle soit plus naturelle qu’une lessive classique, l’utilisation des noix de lavage doit cependant être précisément connue pour une efficacité optimale et un choix éclairé.
La noix de lavage, comment ça marche ?
Utilisée depuis des siècles en Inde et au Népal, la noix de lavage est issue d’une sorte d’ « arbre à savon », le Sapindus Mukorossi, qui pousse dans les terrains pauvres, les forêts, ou encore aux bords des routes.
Une fois mûre, elle devient collante de par sa forte teneur en saponines qui agissent en contact avec l’eau comme un détergent. La noix utilisée en coque pour votre lessive ne nécessite donc aucune transformation ou production industrielle. Elle est juste séchée, concassée, et prête à l’usage.
Les saponines des noix de lavage : leurs avantages… et leurs limites
Les saponines des noix de lavage sont des tensioactifs naturels (ou détergents) aux molécules très complexes. Leur propriété détergente est due à la combinaison de composants lipophiles (solubles dans la graisse) et hydrophiles (solubles dans l’eau) et permet d’enlever par émulsion les graisses des vêtements, de la peau, ou des surfaces salies.
Les saponines, à une trop forte concentration, peuvent être irritantes. 1 g de saponines pour 100 ml d’eau est inoffensif, mais 5 g de saponines pour 100 ml d’eau est irritant.
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L’arbre sapindus mukorossi dont les baies sont riches en saponine © OlegD
De plus, leurs propriétés nécessitent une utilisation particulière :
- Les saponines des noix de lavage sont solubles dans l’eau froide, mais plus lentement que dans l’eau chaude. Leur efficacité augmente avec la chaleur. Pour de meilleurs résultats à basse température, il faut donc choisir un cycle de lavage plus long ou faire tremper le linge avant de le laver.
- Les saponines remplacent uniquement l’agent lavant et adoucissant. Elles ne contiennent ni agents anti-calcaire, ni agents blanchissants, ni parfums. La noix de lavage ne peut donc pas remplacer toutes les fonctions d’une lessive classique.
Si en raison de leur toxicité pour les organismes aquatiques, les rejets de saponine dans les cours d’eau et les lacs restent un problème, les noix de lavage restent avantageuses d’abord parce que les concentrations atteintes sont faibles, et ensuite parce qu’elles sont encore loin d’être utilisées par le plus grand nombre. De plus, elles sont bénéfiques dans les eaux contaminées par des polluants ou eutrophes.
L’eutrophisation de l’eau est l’« enrichissement des eaux en matières nutritives qui entraîne une série de changements symptomatiques, tels que l’accroissement de la production d’algues et de macrophytes, la dégradation de la qualité de l’eau et autres changements symptomatiques considérés comme indésirables et néfastes aux divers usages de l’eau » – définition de l’OCDE.
Pourquoi utiliser une noix de lavage ?
En raison des caractéristiques de ces fameuses saponines, laver son linge avec des noix de lavage est considéré comme moins performant qu’utiliser des lessives chimiques, mais elles restent largement suffisantes la plupart du temps.
Nocives pour la santé, certaines substances qui composent les produits détergents « classiques » sont de vrais polluants qui déstabilisent également l’équilibre biologique de la faune et la flore aquatique. Mais alors, comment rendre sa noix de lavage plus performante pour tenter de bannir définitivement les « produits du commerce » de nos listes d’achat ?
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Le moyen le plus naturel pour laver les vêtements sans aucun produit chimique © mama_mia
Pour pallier aux insuffisances des noix de lavage, il existe des compléments écologiques qui endossent entièrement le « pouvoir » des lessives classiques et qui sont en plus souvent bien plus économiques :
- le vinaigre blanc qui adoucit et agit contre le calcaire et les odeurs fortes (3 tasses ajoutées d’une tasse d’eau dans le bac à adoucissant) ;
- le percarbonate de soude comme blanchissant (une cuillère à soupe dans le bac) ;
- le bicarbonate de soude contre le calcaire et pour le linge couleur très sale (une à deux cuillères à soupe dans le bac) ;
- les huiles essentielles comme parfum.
Un autre avantage des noix de lavage
Les noix de lavage sont une lessive qui convient aux allergiques ; comme nous le signale le témoignage de Denise :
« Mon mari qui ne supportait plus le linge lavé à la lessive, sans doute une allergie aux détergents, est très content que je sois passée aux noix de lavage : je dois frotter les cols un peu plus, mais il n’a plus d’allergies et tout va bien. Les noix de lavage sont donc aussi utiles en cas de rejet de la lessive classique ».
Quelques conseils pour un lavage optimal
Pas évident de laver son linge avec des noix les premières fois. Pourtant, il suffit de mettre quelques noix concassées dans un petit sac (pas de dosette en plastique) que l’on place ensuite directement dans le tambour. Voici quelques conseils pour optimiser l’utilisation des noix de lavage dans la machine à laver le linge.
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Des noix utilisées depuis des millénaires pour faire la lessive © images72
Comment doser les noix de lavage ?
Le dosage des dépend de la saleté du linge, de la taille du tambour et surtout de la qualité de l’eau qui alimente la machine, à savoir :
- Une eau est plus ou moins dure ou douce en fonction de sa teneur en calcaire. Plus l’eau est dure, plus la quantité de noix de lavage nécessaire augmente.
- Un tambour de 5 kg plein demande 6 à 8 demi-coques entières ou 4-6 demi-coques fissurées pour une eau douce ou adoucie.
Le dosage des noix de lavage dépend également des coques choisies (entières, entrouvertes ou en petits morceaux). Les coquilles cassées libèrent un maximum de saponines, car l’eau pénètre dans les fissures. Par contre, elles ne s’utilisent pas aussi longtemps que les coquilles laissées entières.
Combien de fois peut-on utiliser une noix de lavage ?
Suivant la température de lavage, le nombre d’utilisations de votre noix diffère. À titre indicatif, les noix de lavage peuvent servir :
- 3 fois à 30 ou 40 degrés ;
- 2 fois à 60 degrés ;
- 1 fois à 90 degrés.
Lorsque les noix de lavage deviennent molles, cela signifie qu’elles ont libéré toute leur saponine et doivent donc être remplacées.
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Noix de lavage indienne
Lessive biologique végétale 100 % naturelle et écologique cueillie sur l’arbre. Pour un nettoyage en douceur mais aussi en profondeur, Non agressif pour les couleurs et particulièrement indiquée pour les personnes allergiques.
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Les noix de lavage, des fonctionnalités multiples
En plus de la lessive, les noix de lavage peuvent servir à bien d’autres tâches ménagères au sein de votre habitat, en décoction notamment :
- pour le lavage à la main de tissus délicats ;
- pour le lavage à l’eau froide et de la laine ;
- comme nettoyant universel (décoction utilisée pure) ;
- comme liquide vaisselle (remplir un flacon d’une décoction concentrée et ajouter deux gouttes d’huile essentielle de citron pour aseptiser) ;
- pour le lave-vaisselle (100 ml de décoction sans prélavage) ;
- comme produit phytosanitaire (pulvériser les plantes, d’intérieur comme d’extérieur, ainsi que le tronc des arbres fruitiers avec une décoction peu concentrée).
La décoction des noix de lavage, en toute simplicité
La décoction est une technique qui permet d’extraire les principes actifs d’une préparation généralement végétale par dissolution dans l’eau bouillante. Elle s’applique généralement aux parties les plus dures des plantes comme les coquilles des noix de lavage.
Comment la réaliser ?
Faites bouillir 1 litre d’eau avec 10 demi-coquilles dans une casserole suffisamment grande (les saponines moussent), laissez refroidir un peu, faites bouillir une deuxième fois, laissez macérer la nuit, puis filtrer.
La décoction de noix de lavage se garde ensuite au frais. Elle se conserve une dizaine de jours en rajoutant de l’acide citrique, du citron ou des huiles essentielles qui l’aseptisent.
Les noix de lavage usagées peuvent être jetées sur votre compost et contribueront à enrichir votre potager.
La noix de lavage, un produit controversé ?
Si la noix de lavage est reconnue comme étant plus écologique qu’une lessive classique lorsque votre machine tourne, des questions se posent en ce qui concerne sa production ou encore son importation. Peu de données sont disponibles.
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Un impact écologique non négligeable
À l’heure où le secteur est pointé du doigt pour être l’un des principaux responsables des émissions des gaz à effet de serre, le problème du transport subsiste : l’importation des noix de lavage en Europe consomme de l’énergie et augmente le bilan écologique de ce produit.
À cela s’ajoute le fait qu’initialement, les « arbres à savon » poussent à l’état sauvage, posant ainsi la problématique de la surexploitation d’une matière première. L’exploitation des noix de lavage a-t-elle pas l’objet d’études aux fins d’aménagement et d’exploitation de la forêt tout en préservant les équilibres locaux ?
Et du côté des communautés productrices ?
En poussant la réflexion, on peut aussi imaginer que si la demande augmente, les populations locales pourraient s’en trouver privées pour leur propre usage, et se tourner alors vers des « lessives en poudre classiques ».
Vieille femme indienne triant les noix de savon dans la rue en Inde © Vladimir Zhoga – Shutterstock
De plus, il n’existe actuellement pas de label du commerce équitable pour la noix de lavage qui est produite sur le sol indien. Le respect des principes du commerce équitable en ce qui concerne les conditions de travail des producteurs et de leurs employés, leurs revenus, etc. n’est donc pas encore garanti par un système de certification.
Certains vendeurs font apparaitre des marques de noix de lavage qui s’inscrivent dans la démarche du commerce équitable. Mais les produits ne portant pas de label internationalement reconnu, il est quasiment impossible de s’assurer de la véracité de leurs revendications.
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