Face à la raréfaction des ressources pétrolières, les scientifiques recherchent les carburants de demain. Et s’ils se trouvaient dans les micro-algues ?
L’avenir est dans l’algue ! Elles font en tout cas rêver les industriels et les chercheurs qui voient leur potentiel dans l’alimentation, dans la cosmétique ou le domaine médical. Mais c’est en tant que carburant qu’elles pourraient faire parler d’elles, pour remplacer le pétrole à plus ou moins long terme.
Les micro-algues sont pleines de promesses
Les micro-algues, diverses et foisonnantes, vivent dans l’eau douce ou de mer et poussent uniquement grâce au soleil, à l’eau et au gaz carbonique. Certaines espèces de micro algues produisent des réserves de lipides allant jusqu’à 70 % de leur masse en acide gras. C’est cette richesse en lipides qui est intéressante pour produire des biocarburants. Les micro-algues accumulant entre 60 % et 80 % de leur poids en acides gras, elles laissent espérer une production annuelle, par hectare, d’une trentaine de tonnes d’huile.
Une culture de micro-algues © AJCespedes
À l’inverse des agrocarburants issus des sous-produits agricoles (canne à sucre, colza…) elles demandent peu d’énergie pour être produites et ne consomment pas de terres fertiles.
« La production à grande échelle de biodiesel à partir d’algues arrivera beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine », prédit Juan Wu, de la société de conseil en biotechnologies Alcimed. Les chercheurs traquent aussi le « Graal » des micro algues, celle qui parmi les 200.000 à un million d’espèces existantes proposera la meilleure production lipidique. « Nous sommes en compétition avec des scientifiques d’Amérique, du Japon, d’Allemagne, d’Angleterre, chacun cherche la bête de course ! », poursuit-il.
Les micro algues, futur biocarburant ?
Les avantages de ce biocarburant de « troisième génération » sont nombreux :
- Les micro-algues sont riches en sucres, pigments, vitamines, lipides, protéines et antioxydants.
- Elles offrent un excellent rendement par rapport aux plantes terrestres. Elles produisent 5 à 10 fois plus de litres d’huile par hectare que le colza ou le palmier. Leur rendement à l’hectare est au moins 30 fois supérieur aux oléagineux.
- Les micro-algues peuvent être cultivées en milieu marin et ne nécessitent aucune consommation d’eau supplémentaire. Mieux, leur croissance par photosynthèse permet de recycler et valoriser le traitement d’effluents liquides et de fumées industrielles (CO2, nitrates, phosphates entre autres).
- Les biocarburants provenant des céréales sont souvent contaminés par des pesticides et des engrais alors que la culture des micro algues en serre est saine.
- Cette culture est un gain de place par rapport aux cultures oléagineuses terrestres.
Chercheurs et industriels sont optimistes concernant ce nouveau gisement d’énergie. Une centaine de projets sont déjà élaborés aux États-Unis, mais aussi en Australie, en Chine ou en Israël. En Europe, une quinzaine de programmes de recherche sont en cours.
Un projet de l’université du Michigan, financé par le Département des énergies américain à hauteur de 2 millions de dollars, a rendu en octobre dernier ses dernières observations dans cette course au carburant de demain.
Les chercheurs mélangent les espèces dans des bassins d’expérimentation pour déterminer quel est le meilleur cocktail pour fabriquer du bio-carburant. « Aucune espèce seule ne peut être bonne à tout faire. », note Bradley Cardinale, professeur de biologie et directeur du Cooperative Institute for Great Lakes Research. Cette étude n’est pas la première à se pencher sur les algues comme carburant ; la nouveauté est qu’elle souhaite le faire pour un rendement à grande échelle.
Les algues ne concernent pas seulement les voitures : les avions s’y mettent aussi ! La société AlgaeLink, basée aux Pays-Bas, a indiqué qu’elle a signé un accord avec la compagnie aérienne franco-néerlandaise Air France/KLM pour le développement et la production de carburant à partir d’algues qui alimentera les avions.
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