Face à la raréfaction des ressources pétrolières, les scientifiques recherchent les carburants de demain. Et s’ils se trouvaient dans les micro-algues ?
Le biocarburant aux micro-algues, c’est pour bientôt ?
Selon les chercheurs, une commercialisation à grande échelle n’est pas envisagée avant au moins 5 ans car il faudra notamment :
- trier les variétés qui ont une croissance rapide et capables de stocker des lipides
- comparer les performances de cette culture dans les bassins d’eau douce ou salée ou dans des aquariums
- trouver la meilleure équation biologique pour modifier le métabolisme des algues et leur permettre de trouver des réserves en acides gras en les soumettant aux stress
- trouver une solution pour extraire l’huile stockée par ces plantes microscopiques car la méthode actuelle est trop coûteuse en énergie
Des micro algues en labo © Choksawatdikorn
La Région Pays-de-Loire en pointe sur les microalgues
Le laboratoire de Génie des procédés – environnement – agroalimentaire (GEPEA) a lancé le projet µAlg. Il s’agit de démontrer que ce que qui fonctionne en laboratoire peut s’appliquer à la production industrielle. Une plate-forme appelée « démonstrateur de recherche et développement » a été créée dès 2013 sur le site universitaire nazairien de Gavy. En parallèle, une plate-forme collaborative associant des acteurs industriels et des start-up régionales se met en place.
« Sur le papier, le potentiel des micro-algues est énorme et justifie qu’on y consacre de gros moyens. Mais nous en sommes encore au stade du laboratoire » a déclaré Olivier Bernard, de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) de Sophia Antipolis. En France, depuis décembre 2006, dans les locaux du Laboratoire océanographique de Villefranche-sur-Mer (LOV), les chercheurs effectuent des essais sur des millions de micro-algues.
Vers une filière industrielle micro algues française
Des applications concrètes et rentables existent déjà. Des utilisations astucieuses des micro-algues sont réalisées par de nombreuses start-up en France : la société Fermentalg avait fait grand bruit lors de la COP21 en installant à Paris une colonne Morris remplie de micro-algues, servant de capteur de CO2 pour « nettoyer » l’air environnant. La société LDC Algae a installé, elle, une ferme à micro-algues de 32 ha en Bretagne afin d’en produire à grande échelle et « recycler le lisier » qui ne manque pas dans la région.
En Espagne, deux entreprises s’intéressent de près à ces algues microscopiques : la compagnie Bioalgal Marine et le groupe Rafael Morales les considèrent comme des combustibles naturels de l’avenir. Deux projets sont en cours : l’un étudie l’usage de la microalgue Botryococcus Braunii (observable sur le littoral de Huelva) afin d’obtenir des hydrocarbures, la viabilité technique de sa culture et sa capacité à accumuler des hydrocarbures combustibles. Le deuxième projet est l’exploitation des caroténoides présents dans les algues Duna leilla salina car ses propriétés antioxydantes permettraient de multiples applications.
La route est cependant encore longue avant que ces micro-algues permettent à un véhicule de rouler à un prix accessible. En attendant, on peut toujours les consommer comme carburant naturel pour notre organisme avec la spiruline !
Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Micro algues – © Capture d’écran Youtube