Rendu célèbre par un selfie qui a fait le tour du monde, le macaque noir vit peut-être ses derniers instants sur notre Terre : la déforestation mais aussi la chasse pourraient bien finir par avoir sa peau !
Profitant de la brève absence de David Slater, un photographe animalier britannique, une femelle macaque noir avait sauté sur l’occasion pour s’adonner aux joies du selfie. Si ses clichés ont fait le buzz, son espèce est toujours en danger critique d’extinction.
Le célèbre selfie de Maruto le macaque noir en 2011 © autoportrait avec l’appareil photo de David Slater via Wikimedia
En Indonésie, le macaque noir a besoin d’un plan de protection urgent
En voie d’extinction, le Macaca nigra, primate d’Indonésie au pelage noir et coiffé d’une crête, peuple la jungle au nord de l’île des Célèbes (Sulawesi). Environ 2.000 d’entre eux se trouvent dans la réserve de Tangkoko où leur protection est plus ou moins assurée, mais pour les 3.000 autres singes de cette espèce, les conditions de survie sont particulièrement difficiles.
D’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), en 40 ans, la population de macaques noirs, aussi appelés cynopithèques nègres, est passée de 300 individus au km2 en 1980, à 45 en 2011, soit une baisse de 80 %.
La jungle au nord de Sulawesi, habitat des macaques noirs © Ethan Daniels Shutterstock
Mis à mal par la déforestation, les macaques noirs tombent sous les balles des chasseurs
En effet, cette région d’Indonésie est habitée par un peuple autochtone, les Minahasan, une ethnie chrétienne dans la pays musulman le plus peuplé au monde. Pour eux, la viande de ce singe est particulièrement délicieuse. Or avec la perte de leur habitat, les primates ont tendance à s’approcher des cultures, où les fermiers les tuent.
Une fois abattus, les animaux sont grillés au feu de bois, afin de brûler leur pelage et d’assurer une meilleure conservation de la viande dans cette région tropicale : un procédé qui offre un résultat visuellement terrible. Que l’on retrouve sur les étals du marché local, parmi toutes sortes d’autres animaux exotiques (morts ou vivants), dont certains sont également menacés d’extinction(2).
Chasser ces animaux pour leur viande, c’est ‘le dernier clou dans le cercueil’ des macaques noirs
Simon Purser, du Centre de sauvetage de la faune Tasikoki
Sur place, autorités locales et associations de défense de la nature se mobilisent pour stopper le massacre de cette espèce, en danger critique depuis 2008. Afin de sensibiliser le public à la question, ils organisent des actions sur ce marché, tentent de convaincre les villageois résidant autour de la réserve de ne plus consommer cette viande, travaillent à inclure la question de la protection des espèces sauvages dans les programmes scolaires de la région, et jusque dans les sermons des églises…
Le macaque noir, qui joue un rôle important pour la biodiversité en dispersant dans la jungle des graines de certaines espèces végétales, a un besoin urgent de protection. Comme beaucoup d’autres singes…