L’importance croissante des réseaux de chaleur pour capter l’énergie locale
Ce ne sont pas uniquement les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques qui vont produire de l’énergie mais toutes les formes d’énergies propres. La biomasse et la géothermie sont également des sources de production. Mais il faut parler d’un gisement de plus en plus crucial : celui de la récupération d’énergie. Il s’agit de capter et d’utiliser une grande partie de l’énergie aujourd’hui gaspillée.
Cette énergie est perdue partout mais peut être récupérée dans des endroits clés : les data centers, qui sont les centres d’hébergement des sites internet ou de l’informatique des grandes organisations produisent énormément de chaleur ; idem pour certaines industrie (métallurgie, stations d’épuration, centres de tris et décharges, …). Cette énergie qui s’évapore pour rien est colossale. Selon une étude de 2012, elle représente 1000€ par citoyen européen.
Autrement dit, « près de 500 milliards d’euros d’énergie restent inexploités chaque année ».[7] Pire, « plus de la moitié de l’énergie primaire disponible en Europe est aujourd’hui inutilisée. Il s’agit de ce qu’on appelle communément la « chaleur de récupération », une chaleur inévitablement produite par les procédés industriels et tout à fait exploitable en l’état (serveurs informatiques, eaux usées, traitement des déchets, …) ». Ce constat qui doit guider la politique énergétique au niveau européen est en tout cas celui qui préside à la création des « réseaux de chaleur et de froid ».
Récupérer et réutiliser 53 % de l’énergie primaire perdus chaque jour
Ces réseaux de chaleur tirent profit des productions énergétiques locales et sont la solution industrielle pour capter le gaspillage. Ils permettent de récupérer et réinjecter dans le circuit des énergies disponibles pour les citadins européens, qu’ils soient chez eux ou sur leur lieu de travail. En effet, si la valorisation énergétique des déchets représente déjà une part importante et grandissante du mix énergétique de ces installations, ces réseaux cherchent également à développer l’utilisation de nouvelles ressources de récupération, telles que : · la chaleur fatale de process industriels · la chaleur des serveurs informatiques (Data Centers) · la chaleur des eaux usées · …[8]
Dommage qu’en France, on soit déjà bons derniers en Europe pour cette approche pragmatique ; un comble pour le pays inventeur du slogan « Chasse au gaspi ».
Ceci dit, les choses bougent. Ainsi par exemple, on utilise a installé la technologie de la société française Biofluides lors de la rénovation d’immeubles de Courcouronnes dans l’Essonne. Grâce à elle on sait récupérer de la chaleur à partir de l’eau qui coule dans les lavabos, éviers et douches. La récupération de chaleur à partir d’eaux usées a également été mise en place à Batignolles ou à Ermont avec l’avantage que « L’eau grise, contrairement au soleil, ne connaît pas de saison » et offre donc un retour sur investissement plus rapide que le photovoltaïque.
On comprend cependant aisément que notre salut énergétique passera par l’équation suivante :
Economies d’énergies + mix de technologies d’énergies propres et renouvelables + unités de production et de stockage énergétique délocalisées à l’extrême + réseaux de chaleur et de froid + réseaux de distribution intelligents = production énergétique durable, moins polluante, plus sécurisée.
A suivre donc…
[1] Quand environnement rime avec dance floor. Située à Rotterdam et ouverte depuis le 4 septembre dernier, la discothèque WATT a été conçue dans l’objectif de réduire l’impact environnemental de l’établissement en termes de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre. En plaçant l’écologie au centre de son projet, cette boîte de nuit innovante adopte une approche respectueuse de l’environnement dans les domaines allant de l’architecture du bâtiment à la carte de l’établissement. La boîte de nuit espère ainsi diminuer de 30 % sa consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre. Et de 50 % en ce qui concerne la consommation d’eau et la production des déchets. Aux USA, la salle de fitness Green microgym dans l’Oregon générait déjà 36 % de son électricité en 2009. Le California fitness club de Hong-Kong peut produire jusquà 300 watts d’électricité à pleine capacité.
[2]eva, la chaussure centrale électrique…
[3]voiture électrique : la roue tourne : l’active wheel de Michelin récupère de l’énergie cinétique pour la restituer en puissance électrique à la voiture.
[4]Smartgrid, contrôler son énergie à distance
[5] Les données suivantes sur l’Allemagne sont tirées de l’étude Germany’s Independence from Nuclear Energy will be Driven by Smart Grid de Global Data
[6] FACTS =Flexible Alternating Current Transmission Systems – Systèmes de transmissions de Courant Alternatif Flexible
[7] L’étude Ecoheat4EU*, réalisée par Euroheat & Power** dans 14 pays européens (dont la France) avec le soutien de la commission européenne et qui souligne que « Ce constat pourrait bien devenir un réel enjeu des futures politiques européennes d’investissement énergétique. D’autant plus que, selon l’Agence internationale de l’énergie, 37 % de l’énergie utilisée sert au chauffage tandis que seuls 21 % sont dédiés à l’usage électrique ».
[8] Cf. Résultats de l’étude, réalisée par les universités d’Aalborg et d’Halmstad et financée par Euroheat & Power