Obligation d’utiliser des énergies renouvelables pour chauffer les serres
À partir de janvier 2020, les exploitations entrant en conversion vers la Bio seront tenues de n’avoir recours qu’aux énergies vertes pour le chauffage des serres : énergie-bois, chaleur issue de la méthanisation, etc. Pour les autres (en conversion ou déjà certifiées), l’obligation est reportée à janvier 2015.
D’après une étude de l’Ademe, une tomate produite sous serre chauffée émettrait, avec 2,2 kilos de CO2 pour un kilo, 7 fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate produite en France en saison, et près de quatre fois plus qu’une tomate importée d’Espagne !
NB : L’ensemble des dispositions ne s’applique pas à la production de plants.
Un compromis entre les tenants d’une agriculture biologique plus éthique à ceux qui veulent profiter d’un marché en pleine expansion
Dans un communiqué de presse, l’INAO estime à l’issue du vote, que « l’Agriculture Biologique française est la seule en Europe et dans le monde à s’imposer de telles dispositions. En faisant ce choix, les professionnels français se distinguent par un niveau d’exigence unique et des pratiques vertueuses novatrices ».
Une serre de culture de concombres © mihalec
La FNSEA, principal syndicat agricole, qui craint « les distorsions de concurrence » au sein de l’Europe, reste inquiète : « Près de 78 % de la tomate biologique présente dans les circuits longs de la distribution en France est importée d’Allemagne, de Pologne, d’Israël, ou encore d’Argentine », selon la présidente Christiane Lambert.
La Confédération paysanne, quant à elle, a salué une décision qui vient « contrer l’OPA sur la Bio orchestrée par l’agro-industrie ».
Le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume qui a assisté à ce vote tellement l’enjeu était important, se félicite : « J’avais raison de faire confiance aux membres du CNAB. Par leur décision courageuse, ils ont aussi montré qu’ils répondaient aux demandes claires des consommateurs en matière d’Agriculture Biologique. Fort de la décision du CNAB, je peux maintenant porter à Bruxelles une demande d’harmonisation au niveau européen ».
Jean-Paul Gabillard, secrétaire national à la FNAB en charge des légumes, interrogé par Libération a déclaré pour sa part : « Pour nous, il ne s’agit pas d’une victoire complète, puisque nous défendions le non-chauffage. Mais c’est tout de même un bon compromis, car c’est une véritable avancée par rapport à ce qui existait jusqu’ici, puisqu’il n’y avait aucun encadrement du chauffage des serres en bio ».
Et d’ajouter : « Nous serons très vigilants face à la première échéance du 1er janvier 2020 mais aussi pour 2025. Cela vient très rapidement et on sent bien qu’il y aura sans doute une pression pour dire qu’il n’est pas possible de chauffer les serres aux énergies renouvelables. Dès 2023 ou 2024, il faudra que nous remettions cette échéance en lumière pour rappeler aux producteurs qu’à partir de 2025, ils ne seront plus labellisés en bio s’ils chauffent aux énergies fossiles ».
Illustration bannière : Des tomates qui poussent en hiver pour être vendues au printemps – © hans engbers