Masanobu Fukuoka, ça vous dit quelque chose ? Japonais et microbiologiste, cet homme, né en 1913 et mort en 2008, a développé un mode de culture naturelle, en totale harmonie avec la Terre et ses éléments.
Il a vécu sur une petite montagne au Japon, où il s’occupait de sa ferme. Il déclarait n’avoir aucune connaissance particulière et ne rien faire ! À partir des années 1980, Fukuoka a oeuvré à promouvoir sa méthode d’agriculture qui ne nécessite ni labour, ni fertilisant, ni pesticide, ni désherbage, ni élagage. Zoom sur le leg de ce pionnier de l’agriculture naturelle ou « sauvage » qui a pavé la route à la permaculture !
La méthode Fukuoka : pas d’intrants et peu d’intervention
Microbiologiste à l’origine, Masanobu Fukuoka s’est très vite rendu compte des limites de l’agriculture scientifique, pratiquée à grands renforts d’intrants chimiques et d’opérations mécaniques.
Masanobu Fukuoka en 1995 – Capture d’écran NHK
Dès lors, il s’emploie à développer une autre forme d’agriculture, naturelle, en accord avec ses racines spirituelles, cherchant à réconcilier l’Homme et la Nature. Selon lui, la Nature n’a pas besoin de l’Homme pour s’épanouir. Ainsi, pour nourrir les populations, les humains n’ont pas besoin d’avoir recours à des produits chimiques ou des interventions importantes : il n’a qu’à respecter le rythme de la nature, y être attentif et intervenir le moins possible.
Selon son raisonnement, la nourriture issue de l’agriculture, du jardinage doit être produite sans intervention humaine, réduisant ainsi le coût de la production et le coût des produits.
La Révolution d’un seul brin de paille
Grâce à l’étonnante simplicité et logique de sa méthode, Masanobu Fukuoka acquiert vite une renommée internationale. Avec son ouvrage, La Révolution d’un seul brin de paille, il inspire et notamment Bill Mollison et David Holmgren qui ont développé la permaculture.
La révolution d’un seul brin de paille – une introduction à l’agriculture sauvage
Dans ce livre fondateur, Masanobu Fukuoka s’oppose au modèle américain de développement économique et industriel au profit du développement d’une méthode dite d’agriculture sauvage, demandant moins de travail et causant moins de dégâts à la nature qu’aucune autre méthode tout en maintenant les mêmes rendements à l’hectare que les paysans voisins.
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Dans son ouvrage, il développe sa méthode : « […] répandre de la paille est le fondement de ma méthode pour faire pousser le riz et les céréales d’hiver. C’est en relation avec tout, avec la fertilité, la germination, les mauvaises herbes, la protection contre les moineaux, l’irrigation. Concrètement et théoriquement, l’utilisation de la paille en agriculture est un point crucial. Il me semble que c’est quelque chose que je ne peux faire comprendre aux gens ».
Les principes essentiels de la méthode Fukuoka
La méthode Fukuoka repose sur des principes sur lesquels il ne transige pas :
1. Aucun fertilisant
Que ce soit des fertilisants chimiques ou naturels (comme le compost par exemple), la méthode Fukuoka ne les utilise pas. Pour que les sols soient toujours fertiles, il recommande l’usage de la paille en couverture des sols ou des légumineuses qui formeront une sorte de tapis comme le trèfle blanc. Le fumier de volaille est toléré.
Pas de ‘mauvaises herbes’ dans la méthode fukuoka – © Simon Kadula
2. Ne pas cultiver
Selon la méthode Fukuoka, le sol n’a pas besoin d’être cultivé. C’est-à-dire qu’il n’a pas besoin d’être labouré, retourné, travaillé. Pour lui, la terre se suffit à elle même, notamment grâce à l’activité des micro-organismes.
3. Pas de désherbant
Tout comme la terre n’a pas besoin d’être travaillée selon la méthode Fukuoka, elle n’a pas besoin d’être désherbée de quelque façon. Pour Masanobu Fukuoka, ce que l’on appelle « mauvaises plantes » sont en réalité des organismes contribuant à la fertilité des sols. Il faut les contrôler sans les éradiquer.
4. Aucun produit chimique
Ils sont complètement interdits dans cette méthode. La seule chose que Masanobu Fukuoka utilise, c’est un mélange d’huile servant à limiter l’impact de la cochenille sur les cultures.
Finalement, la méthode Masanobu Fukuoka est simple : oubliez les « progrès » de l’agriculture et faites confiance à la terre et ce qu’elle nous apporte depuis des milliers d’années. La base de la méthode : observer, apprendre de la terre pour pouvoir planter, récolter, faire pousser au bon moment.
Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Masanobu Shizuoka dans sa ‘ferme’ – Capture d’écran NHK