Instrument d’aliénation pour les uns, clé du bonheur pour les autres, l’argent régit nos vies quelle que soit notre relation avec lui. C’est avec lui qu’on peut se loger, se nourrir, s’adonner à nos activités, élever nos enfants. C’est aussi lui qui nous permet de posséder des biens sans d’ailleurs parfois ou souvent en avoir réellement l’utilité.
Pour ne pas donner raison à notre société de consommation en masse, certains optent pour la sobriété volontaire. D’autres plus « politiques » prônent la décroissance. Enfin, une poignée d’individus franchit le pas en choisissant de vivre sans argent, du tout. Sans vivre en marge de la société, ils en modifient les règles et partent du principe que tout peut s’échanger.
Se débarrasser du superflus pour ne pas passer à côté de l’essentiel
Heidemarie Schwermer, une Allemande d’une soixantaine d’années a décidé il y a 15 ans de « tout plaquer ». Enseignante puis psychologue, cette mère de 2 grands enfants eux-mêmes parents aujourd’hui s’est défaite de toute possession presque du jour au lendemain. Comme elle le dit elle-même, sa vie tient désormais dans une valise.
Le déclic, Heidemarie l’a eut un peu plus de 20 ans en arrière lorsqu’elle a divorcé. Elle a déménagé avec ses deux enfants à Dortmund pour prendre un nouveau départ.
© CC, Berliner Büchertisch
Mais dans cette ville importante de l’ouest de l’Allemagne, elle a été frappée par le nombre de sans-abri. C’est à ce moment qu’elle a voulu agir et aider son prochain en ouvrant une boutique de troc, « Gib und Nimm » (« Donner et prendre »). L’objectif était que chaque client de la petite boutique vienne échanger toute sorte de bien ou service contre quelque chose de nécessaire pour lui.
Heidemarie s’est aperçue que finalement, ce n’étaient pas les déshérités, ceux qui vivaient dans la rue, qui franchissaient la porte de sa boutique. Il s’agissait plutôt d’individus dans une mauvaise passe à cause « d’accidents de la vie » comme on les appelle, ou des retraités avec de maigres revenus. La petite boutique est devenue un véritable phénomène ; c’est ce système de troc qui avait l’air de fonctionner à merveille qui a poussé la propriétaire à se poser des questions sur sa propre existence.
Ai-je vraiment besoin de toutes mes possessions ?
Et c’est donc ainsi que Heidemarie a quitté son métier dans lequel elle ne se sentait pas épanouie pour vivre d’un petit boulot, lui permettant de gagner le strict minimum. Après quelques mois de cette vie quasi monacale, elle décide en 1996 de se passer complètement d’argent. Dès lors, elle échangerait des biens et services selon ses besoins, et vivrait comme une nomade pendant 1 an. Mais cette expérience d’une année est finalement devenu son mode de vie depuis plus de 15 ans.
L’histoire d’Heidemarie à voir et à lire
Son histoire incroyable, Heidemarie Schwermer l’a racontée dans 2 livres dont les recettes ont été reversées à des oeuvres de charité. Sa vie est retracée dans un documentaire de 52 minutes, « Living without money », dont voici la bande annonce :
Heidemarie n’est pas un cas isolé : d’autres comme elle fait le choix de se débarrasser du superflu et de vivre sans argent.
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