En France, en 2009, près de 40 % des produits biologiques disponibles dans les rayons des magasins étaient importés, contre 30 % en 2008. Et qui dit importation dit forcément bilan écologique lourd. Quoique… tout n’est jamais tout blanc et tout noir. Ainsi, un produit bio importé n’est pas forcément plus dommageable qu’un produit conventionnel cultivé localement. Explications
Un produit bio est-il forcément écologique ?
Un produit écologique, ou produit vert, est un produit dont l’impact sur l’environnement est le plus bas possible. Pour mesurer cette empreinte, on considère tout son cycle de vie, de la conception à la fin de vie ou au recyclage (stade déchets) en passant par sa fabrication.
Alors, une fraise bio importée d’Espagne serait-elle plus écologique qu’une fraise cultivée en France, mais pour laquelle on aurait utilisé de nombreux intrants chimiques et que l’on aurait fait pousser dans une serre ?
Rien n’est moins sûr, car en effet, l’impact d’un produit sur l’environnement dépend de son mode de culture. Ainsi, selon une étude(1) menée conjointement par l’Ademe et Bio Intelligence service, la culture sous serre chauffée consomme 10 à 110 fois plus d’énergie que la culture à ciel ouvert.
Prenons l’exemple des fleurs.
Savez-vous que chez votre fleuriste, 90 % des roses, des orchidées et des tulipes viennent des pays du Sud ?
En l’occurrence, la rose provient la plupart du temps du Kenya. Elle est donc cultivée à plus de 6 000 km de votre boutique de fleurs préférée. Mais pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, le bilan énergétique d’une rose cultivée au Kenya et transportée par avion sera tout de même plus faible que celui d’une rose cultivée beaucoup plus près, aux Pays-Bas par exemple.
Le bilan carbone d’une fleur bio kenyane est en effet deux fois plus faible que celui d’une rose néerlandaise. Le climat étant moins doux en Europe qu’au Kenya, les fleurs doivent être éclairées et chauffées en serre de 12 à 18° en hiver. Dès lors, le transport aérien n’annule pas forcément l’intérêt d’un produit bio, si la culture des fleurs importées est plus respectueuse de l’environnement
Le transport par camion est lui aussi moins lourd pour l’environnement que la culture sous serre. Ainsi, pour un kilo de tomates de Belgique consommé en France en hiver, il en coûtera :
- 12,5 g équivalent pétrole pour le transport en camion
- contre 946 g équivalent pétrole pour une culture sous serre chauffée, soit 75 fois plus que le transport jusqu’en France
Quelques chiffres sur l’importation de fruits et légumes
Chaque année, l’importation de fruits et légumes vers l’Hexagone représente :
- Une consommation d’énergie de près de 250 000 tonnes équivalent pétrole
- L’émission de près de 1 000 000 tonnes équivalent CO2
Les importations par avion représentent :
- 1 % du tonnage des importations
- Plus de 10 % des consommations d’énergie et 24 % des émissions de GES du transport du total des importations
Importer un produit bio n’annule donc pas toujours son intérêt écologique. Cependant, nous ne saurions que trop vous conseiller de consommer local et de saison, bio ou pas bio !
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Sur l’impact des produits bio :
(1)Impact environnemental du transport de fruits et légumes importés Une vision macroscopique