On constate actuellement un net accroissement du nombre de méduses d’espèces toxiques comme la méduse piquante mauve, la Pelagia noctiluca. Pas une bonne nouvelle pour la Méditerranée, déjà en difficulté, car ces méduses menacent la biodiversité de l’une des mers les plus surexploitées du monde … ainsi que des centaines de milliers de baigneurs. Quelles sont les causes de ce phénomène et comment y faire face ?
Des millions de méduses !
Le professeur italien de l’université de Salento dans le sud de l’Italie, Stefanao Piraino, est un spécialiste de la Méditerranée. Il est responsable d’un projet pan-méditerranéen qui vise à recenser les méduses et à mesurer leur prolifération dans le contexte du réchauffement climatique. Il témoigne : « j’ai survolé 300 kilomètres de cotes le 21 avril et j’ai vu des millions de méduses« . Clairement, la surpêche qui les débarrasse de leurs prédateurs naturels, comme le thon ou la bonite, laisse aux méduses « un boulevard » pour se reproduire en masse.
L’inventaire est épaulé par des « citoyens-scientifiques » qui, armés de leurs smartphones et d’une application spéciale, aident à identifier tous les endroits où on peut voir des méduses tout le long des milliers de km de cotes de Mare Nostrum. Il en ressort que la population de méduses n’a cessé de grandir depuis 4 ans que le projet existe et que cela fait partie d’un phénomène plus large sur le plan mondial : d’autres cotes sous surveillance ailleurs dans le monde comptent également une prolifération inhabituelle de méduses.
Stefano Piraino explique que sur l’île de Lampedusa, qui accueille chaque année 300 000 touristes, il y a maintenant des plages où on ne peut plus nager qu’une semaine de tout l’été !
Josep María Gili, un chercheur très expérimenté spécialiste des méduses à l’Institut des sciences de la mer de Barcelone, pense que « c’est un problème de plus en plus grave pour la Méditerranée, comme pour les océans du reste du monde, et le problème est particulièrement épineux au large ».
Des bancs de méduses toxiques
L’espèce qui se multiplie est – dommage ! – une des plus vénéneuses : il s’agit de la Pelagia noctiluca, qui a été observée à de fortes densités près de la cote de Catalogne et de Valence. Des bancs de plusieurs kilomètres de long avec une densité de 30 à 40 méduses par m2 ont été observés. Ce qui a le plus surpris est que ces méduses s’approchent si près du rivage, alors que d’habitude elles restent à l’écart de ces eaux moins profondes et plus chaudes.
Selon l’observatoire, parmi les zones les plus touchées, il y a la Sicile, la Sardaigne, Malte, le Liban et Israël. A tel point que chaque été ce sont au moins 150.000 personnes qui se font traiter pour des piqûres de méduses de Méditerranée.
Les causes de la prolifération de méduses :
1 – le réchauffement climatique
2 – la surpêche qui élimine les prédateurs de méduses
3 – les barrières artificielles qui protègent les plages mais sont des havres pour les larves de méduses.
Conséquence, le tourisme est directement affecté et les professionnels prennent des mesures plus ou moins fortes : dans certaines zones, on déploie des filets protecteurs jusqu’à deux mètres de profondeur pour garder les méduses loin des plages et des baigneurs.