Les ménages les plus modestes, en France, ont déjà consommé le surplus d’épargné lié à la pandémie de Covid-19. Les 10% les plus riches, au contraire, continuent de sur-épargner grâce à la reprise de la Bourse depuis le krach de mars 2020.
La pandémie de Covid-19 a conduit à une situation de sur-épargne en France. Les ménages, contraints de ne pas consommer du fait des restrictions en vigueur, ont mis des dizaines de milliards d’euros de côté grâce au maintien de leurs salaires. Mais les inégalités se creusent à la sortie de la crise : les ménages modestes ont déjà consommé ce surplus d’épargne, alors que chez les plus riches, elle continue d’augmenter.
Les ménages modestes n’ont plus de surplus d’épargne
Une étude menée par le Conseil d’Analyse Économique (CAE) sur la base de données anonymisées de clients du Crédit Mutuel et publiée le 22 mars 2022, dévoile une grande différence entre les ménages aisés et les ménages modestes sur le front de l’épargne Covid.
Pour rappel, on parle d’épargne Covid pour l’épargne cumulée durant la pandémie par rapport à la trajectoire « normale » de l’épargne si la crise sanitaire n’avait pas eu lieu. Un surplus d’épargne que la Banque de France estime à 170 milliards d’euros.
Or, selon le CAE, les ménages des deux premiers déciles (20 % les moins riches) auraient dépensé, en février 2022, la quasi-totalité de ces sommes d’argent épargnées durant la crise. Une situation qui tranche avec celle des 10 % des ménages les plus riches qui, au contraire, continuent d’épargner plus que la trajectoire « normale ».
Une différence qui s’explique par le type d’épargne
Cela s’explique notamment par les types de placements – © Pla2na
« Les deux premiers déciles auraient désormais un stock d’épargne proche de son niveau
‘normal’ (tendance pré‐crise) c’est‐à‐dire qu’ils auraient quasiment consommé en totalité le surcroît d’épargne qui a été généré durant la crise sanitaire, » écrivent les auteurs de l’étude. Et ces derniers donnent une explication.
Les ménages modestes ont tendance à épargner en argent comptant, plaçant l’épargne sur des livrets A ou des LDDS, voire des LEP lorsqu’ils y sont éligibles. Au contraire, les ménages les plus aisés auront plus d’épargne sous la forme de comptes-titres, donc d’actions.
Ces derniers profitent donc pleinement de la hausse de la Bourse depuis l’été 2021 (les données de l’étude ne prenant pas en compte l’impact boursier de la guerre en Ukraine) tandis que les 20 % les moins aisés subissent de plein fouet l’augmentation des prix à la consommation (et particulièrement de l’énergie) qui pèse sur leur budget mensuel.
Illustration bannière : Épargne & Covid-19 – © eldar nurkovic