Perturbés par l’emploi d’un nouveau pesticide, 450 000 passereaux se rassemblent et dévorent les semis de printemps à travers tout le nord de la France. Les services de l’État sont aussi désemparés que les agriculteurs.
La mise sur le marché récente d’un nouveau pesticide pour enrober les graines a déréglé le comportement de plus d’une dizaine d’espèces de passereaux qui se sont rassemblés en sept vols différents pour s’abattre sur les cultures du nord de la France.
Un pesticide à l’origine de la catastrophe
Mis sur le marché en fin d’année dernière, ce pesticide nommé Enrob24, avait pour but de limiter l’impact des insectes sur les graines de nombreuses céréales. Ce pesticide, directement appliqué sur les graines commercialisées, a eu tout l’effet inverse en ce qui concerne de nombreuses espèces de passereaux.
Nuée de passereaux au dessus d’un champ vidé de ses graines © Menno Schaefer
Un comportement déréglé
Les passereaux qui se nourrissent de ces graines ont en effet radicalement changé leur comportement naturel. Une fois les premières graines consommées, ils ne peuvent s’empêcher d’en consommer d’autres sans même forcément avoir faim.
Il en a résulté un comportement inédit et jamais observé dans la nature, des passereaux de différentes espèces se sont réunis en vols coordonnés afin de chercher toujours plus de graines, se déplaçant au gré des champs disponibles comme le feraient les criquets africains.
Une double catastrophe désormais annoncée
La première catastrophe concerne tous ces passereaux qui, non contents d’avoir (temporairement ?) perdu leur instinct naturel, semblent également manger toutes les graines jusqu’à en mourir. Des dizaines de milliers de spécimens ont déjà été retrouvé morts notamment sur le plus grand nuage d’oiseaux qui se situe, pour l’instant, au nord de Paris.
La deuxième catastrophe est pour les agriculteurs qui perdent de fait leur récolte de printemps sans que les assurances ne prennent en charge la chose. En effet, l’autorisation de mise sur le marché ayant été donné par les services de l’État, les assureurs de tous bords préviennent déjà que ce sera vers eux que devront se tourner les agriculteurs.
« C’était une scène hitchcockienne » raconte un grand céréalier qui a perdu 300 de ses 320 hectares de semis, « cela n’a duré qu’une demi-heure, le bruit était assourdissant mais surtout, c’était effrayant ! Mes enfants m’ont demandé si c’était la fin du monde et s’il était trop tard pour sauver la planète » explique-t-il aussi les yeux humides.
« On n’aurait jamais du laisser faire des grands groupes comme Bayer ou Monsanto qui nous ont joué du pipeau durant des décennies, on a été trop bêtes de pas passer au Bio il y a vingt ans quand on a commencé à comprendre qu’on prenait des risques » finit-il amère.
Les services de l’État désemparés
L’ONCFS (Office National de la Chasse et de la faune Sauvage) n’a tout simplement pas les moyens ni humains, ni techniques, ni financiers de faire quoi que ce soit de solide face au problème. Avec un budget annuel d’à peine 115 millions d’euros qui vient d’être diminué de 21 millions d’euros avec le dernier cadeau fait aux chasseurs, l’institution a encore moins de moyens que jamais(1).
À l’heure où les citoyens bougent, où les jeunes se mobilisent, où tout le monde n’a jamais été aussi conscient de la problématique environnementale qu’elle soit climatique ou non, nos hommes politiques démissionnent ou agissent les yeux fermés.
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Illustration bannière : Nuée de passereaux © Ilca Laurentiu Daniel