L’homéopathie est populaire en France et dans certains pays, mais également contestée. Que disent les récentes études scientifiques sur son efficacité : réelle, ou supposée ?
Dès 1985, une étude commandée par le Ministère des Affaires Sociales français portant sur deux médicaments homéopathiques, l’opium 15 CH et le raphanus 5 CH, interrogeait l’efficacité de l’homéopathie.
Premier pavé dans la mare
Les résultats de cette étude ont été publiés par le Lancet, célèbre revue médicale, en 1988 et les conclusions à l’époque étaient sans appel : Il n’y a eu aucune amélioration de l’état des patients qui ont suivi une prescription homéopathique(1). Donc l’opium 15 CH et le raphanus 5 CH n’ont aucun effet. Pourtant l’homéopathie est toujours prescrite aujourd’hui.
Certes, on ne peut pas se baser sur une seule étude pour remettre en cause une pratique vieille de plus de 200 ans alors creusons un peu.
Mais, au fait, comment marche l’homéopathie ?
Elle fonctionne sur le principe des similitudes et de la dilution. La substance active est diluée, principalement dans de l’eau. Une goutte de substance active dans 99 gouttes d’eau donne 1 CH. Pour arriver à 2 CH, on redilue une goutte du produit obtenue dans 99 gouttes d’eau et ainsi de suite.
Voici ci-dessous illustré ces dilutions rapportées à une échelle plus parlante :
- 1 CH = 1 cL de la substance de produit actif dans un litre d’eau
- 4 CH = une goutte dans une piscine de jardin
- 5 CH = une goutte dans une piscine olympique
- 6 CH = une goutte dans un étang de 250 m de diamètre
- 10 CH = une goutte dans la baie d’Hudson
- 12 CH = une goutte dans tous les océans de la planète
- 30 CH = une goutte dans un milliard de milliard de milliard de milliard de fois toute l’eau de tous les océans de la planète
- 200 CH = dilution du remède populaire contre les états grippaux, l’Oscillococcinum
Au bout de 12 dilutions, plus aucune substance active ne se trouve dans la solution(2) mais il existe néanmoins des produits homéopathique à 30 CH ou même à 200 CH.
Les homéopathes expliquent que l’efficacité de l’homéopathie vient du fait qu’ils dynamisent leurs solutions en les secouant énergiquement. Mais à ce jour aucune étude scientifique n’a prouvé l’effet d’une telle méthode. Ainsi, si on dilue une goutte de whisky dans une bouteille d’eau et qu’on secoue énergétiquement, on ne va pas tomber dans un coma éthylique en buvant un verre.
La position des laboratoires Boiron
Sur le site boiron.fr, ils reconnaissent eux-même ne pas connaître le principe de fonctionnement de l’homéopathie.
Ce même laboratoire qui ne sait donc pas comment fonctionne l’homéopathie mais la propose néanmoins a été poursuivi par une class action aux USA où ils ont déboursés 5 millions de dollars à l’amiable pour éviter un jugement collectif.
Les preuves s’accumulent
Revenons à nos moutons, suite à l’étude publiée par le Lancet en 1985, d’autres sont venues appuyer le fait que l’homéopathie n’a aucun effet. Elles sont nombreuses, viennent de différents pays et aboutissent toutes au même résultat » il n’y a aucune preuve de l’efficacité de l’homéopathie« .
Nous n’allons pas les reprendre une par une, mais plutôt nous intéresser à deux méta-analyse (qui sont des analyses statistiques recoupant les résultats de multiples études scientifiques) qui ont fait sensation dans le monde.
- La méta-analyse du Lancet publée en 2005, fruit de la collaboration de 8 chercheurs et portant sur 19 banques de données médicales qui conclut en ces termes « l’absence de supériorité évidente de l’homéopathie sur l’effet placebo« .
- Le rapport du National Health and Medical Research Council, une agence de santé australienne, publié en 2015, qui a passé au crible 255 études sur l’homéopathie et conclut qu’il n’existe aucune preuve de son efficacité.
Et il existe d’autres méta-analyses qui aboutissent toutes au même résultat.
Et si ça ne suffisait pas
Les USA sont allés plus loin encore. Depuis 2016, ils obligent les médicaments homéopathiques à afficher sur leur étiquette la mention suivante : « il n’existe aucune preuve scientifique que ce produit est efficace, les revendications de ce produit sont fondées sur la théorie de l’homéopathie formulée au XVIIIe siècle, qui n’est pas reconnue valide par la plupart des experts médicaux modernes »(3).
Pour terminer, intéressons-nous aux personnes qui dénoncent cette pratique et commencent leur discours en avalant volontairement des surdoses homéopathiques devant leur public. Aucun effet secondaire n’a été constaté et ils en ont même fait un challenge, « The 10:23 Challenge »(3).
Conclusion
L’homéopathie, bien que largement banalisée en France voit en face d’elle de nombreuses publications scientifiques remettant en cause son efficacité. Il y a un problème éthique à tromper sciemment le patient en lui donnant des pilules qui ne font rien. Il y a un autre problème éthique dans l’idée que les laboratoires homéopathiques font de généreux bénéfices pour des granules de sucre. Les industries pharmaceutiques, elles ont l’obligation de fournir des preuves d’efficacité avant d’avoir le droit de commercialiser leurs médicaments mais pas l’homéopathie.
Il y a enfin le mal posé à long terme pour le patient lui-même car il pourrait retarder une thérapie efficace en faveur de l’homéopathie.
Ainsi, ne serait-on pas en mesure de penser que l’homéopathie n’a tout simplement plus sa place en médecine ?
Illustration bannière : Homéopathie – © ArCaLu