Aujourd’hui encore, plus de deux milliards de personnes boivent une eau impropre à la consommation qui est responsable de plusieurs centaines de milliers de décès par an.
Alors que le 22 mars marque la journée mondiale de l’eau, le constat est alarmant : ce sont plus de 2 milliards de personnes (soit près de 30 % de la population mondiale) qui boivent une eau souillée, et 4,5 milliards qui ne bénéficient pas de services d’assainissement sûrs. L’ONU et l’UNESCO rappellent aux pays membres des Nations-Unies leurs engagements. En effet, ils se sont fixé pour objectif l’accès universel à l’eau potable d’ici 2030.
500.000 décès par an : l’OMS tire la sonnette d’alarme
Bien que vitale, l’eau est non seulement insuffisante dans certaines parties du monde mais elle est aussi responsable du décès de nombreuses personnes. Dans un rapport publié le 13 avril 2017(1), par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), nous apprenions que près de 2 milliards de personnes n’avaient pas accès à un service d’eau gérée en toute sécurité. C’est à dire qu’une personne sur trois ne boit pas une eau provenant d’une source exempte de contamination, les principales sources de contamination étant les matières fécales, les pesticides ou nitrates issus de l’agriculture, mais aussi les résidus de médicaments.
2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable © S Buwert Shutterstock
D’autre part, 844 millions de personnes qui n’ont toujours pas accès au XXIe siècle, à un service élémentaire d’eau potable, doivent s’approvisionner directement dans les cours d’eau ou mettre plus de 30 minutes pour chercher de l’eau au puits (une responsabilité qui incombe principalement et de manière très inégalitaire aux femmes).
Un vrai danger pour ces populations qui risquent de contracter diverses maladies comme le choléra, la dysenterie, la typhoïde ou la poliomyélite.
Chaque jour, plus de 1.000 enfants de moins de 5 ans meurent des conséquences d’une eau insalubre. Et 800 femmes décèdent de complications qui surviennent pendant la grossesse ou l’accouchement par manque d’hygiène.
Le Dr Maria Neira, directrice du département Santé publique et environnementale à l’OMS estime que cette eau souillée provoquerait le décès de plus de 500.000 malades chaque année. Elle serait par ailleurs, « un facteur majeur dans la propagation de plusieurs maladies tropicales négligées, parmi lesquelles les parasitoses intestinales, la schistosomiase et le trachome ».
Chiffres marquants
Dans le monde :
- trois personnes sur dix n’ont pas accès à l’eau en toute sécurité
- près de la moitié de la population mondiale puise l’eau en surface (la majeure partie en Afrique subsaharienne)
- 6 personnes sur 10 n’ont pas accès à des installations sanitaires
- 1 personne sur 10 défèque à l’air libre
Qui sont les exclus de l’eau ?
Dans un nouveau rapport de l’ONU-Eau et l’Unesco publié le 19 mars et intitulé « Ne laisser personne pour compte », (2), on apprend que les « laissés pour compte » sont « pauvres urbains », les « pauvres ruraux » et les « réfugiés ».
Si l’accès à l’eau potable est garanti à 94 % en Europe ou en Amérique du Nord, ce taux ne se monte qu’à 24 % en Afrique subsaharienne, où résident la moitié des populations consommant une eau souillée.
L’ONU rappelle d’ailleurs : « Le droit de l’être humain à l’eau signifie que chacun, sans discrimination, a le droit à un approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coût abordable, d’une eau potable et de qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques, qu’il s’agisse de boisson, d’assainissement individuel, de lavage de linge, de préparation des aliments ou d’hygiène personnelle et domestique ».
Or plus une denrée est rare plus elle est chère, et les plus démunis se retrouvent donc à devoir payer le prix fort pour le liquide vital en bouteille ou auprès de camions-citernes…
Augmenter les financements pour atteindre l’objectif d’un accès universel à l’eau potable
Comment se fait-il que de nos jours, un nombre si important de personnes meurent en buvant de l’eau ? L’objectif de l’accès universel à l’eau potable d’ici 2030 adopté par les pays membres des Nations-Unies dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) est encore loin d’être atteint. 80 % des pays concernés estiment d’ailleurs que les financements actuels sont insuffisants.
L’OMS considère elle aussi qu’il est nécessaire d’augmenter les investissements. Elle a d’ailleurs rappelé les chiffres donnés par la Banque mondiale qui estime que « pour atteindre les cibles mondiales des ODD, les investissements pour les infrastructures doivent tripler et atteindre 114 milliards de dollars (107 milliards d’euros) par an, chiffre qui n’inclut pas les coûts de fonctionnement et d’entretien ». Un financement urgent pour répondre à un enjeu mondial de santé publique.
© Adam Jan Figel
À l’occasion de cette journée mondiale de l’eau 2019, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, déclare : « À l’heure de la mondialisation, les retombées des décisions en matière d’eau traversent les frontières et concernent tout un chacun, ce qui plaide en faveur d’une gouvernance globale de l’eau. En cette Journée mondiale de l’eau, l’UNESCO réaffirme son engagement à soutenir les gouvernements dans les efforts qu’ils entreprennent pour permettre à tous d’accéder à l’eau et à l’assainissement, sans discrimination. En accordant la priorité à ceux qui en ont le plus besoin, nous pouvons oeuvrer pour un tissu social plus resserré, une société plus égalitaire ainsi qu’un monde plus pacifique et durable ».
Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Eau potable – © Photosampler