Dans notre économie où les salariés sont hyper-protégés, on oublie combien, dans certaines régions du monde, les conditions de travail sont précaires. Elles frisent même l’esclavage dans certaines filières comme la pêche en Asie.
Comment éviter le trafic d’êtres humains ?
Il est difficile de réagir a posteriori à de telles pratiques qui laissent le consommateur occidental désarmé. En revanche, de tels cas militent pour la promotion d’achats de produits issus de filières agricoles qualitatives, plus durables, plus équitables, et souvent plus locales et plus biologiques.
Pour l’instant ce sont les Etats qui commencent à réagir car si la question de la pêche esclavagiste se pose également dans d’autres pays (Philippines), c’est surtout la Thaïlande qui est soupçonnée d’être une plaque tournante du trafic d’êtres humains et d’abriter le plus grand nombre d’esclave.
L’ambassadeur thaï aux États-Unis, Vijavat Isarabhakdi affirme que « la Thaïlande se bat contre l’esclavage. Des progrès ont été constatés, même s’il y en a encore beaucoup à faire ». Cela ne rassure pas les Etats-Unis qui envisage de la placer sur la liste noire des pays liés au trafic humain, ce qui serait synonyme de sanctions économiques. La nouvelle junte au pouvoir va devoir prendre la question au sérieux car la Thaïlande est le second fournisseur de produits de la mer des Etats-Unis, avec 16 % de ses importations.
Comme l’expliquait Le Courrier International : « Les principales prises – légales ou non – des chalutiers thaïlandais sont la sardine, la maquereau, la seiche, la calmar, l’anchois et les poissons de rebut, qui sont transformés en nourriture pour animaux ou entrent dans la composition de la sauce de poisson. Les Américains consomment une énorme quantité de ces poissons. Selon les chiffres du gouvernement américain, 20 % du volume des importations US de maquereaux et de sardines proviennent de Thaïlande. La proportion atteint 33 % pour les boulettes, les pâtés et les croquettes préparées avec les poissons de rebut. Et la sauce de poisson thaïlandaise inonde 80 % du marché américain. Mais les représentants de l’industrie en Thaïlande admettent qu’il est généralement impossible de dire si tel poisson ou produit à base de poisson est le fruit du travail forcé ou pas ».
Un reportage TV sur la pêche clandestine et les esclaves en Thaïlande
[1] Employment practices and working conditions in Thailand’s fishing sector / International Labour Organization ; ILO Country Office for Thailand, Cambodia and Lao People’s Democratic Republic ; ILO Tripartite Action to Protect Migrants within and from the GMS from Labour Exploitation (TRIANGLE) ; Asian Research Center for Migration, Institute of Asian Studies, Chulalongkorn University. – Bangkok : ILO, 2013, xvi, 105 p.
Trafficking of Fishermen in Thailand, Organisation Internationale pour les Migrations, 2011, 92 p. http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—asia/—ro-bangkok/documents/publication/wcms_220596.pdf