Nous n’y penserions pas d’emblée, mais l’apparition, très récente, du coronavirus Covid-19 pourrait bien être attribuable à l’activité humaine, notamment la production de viande et le changement climatique.
Importation d’animaux, évolution des pratiques agricoles, pertes des habitats, pluies, sécheresses : tous ces facteurs précipitent la migration d’animaux sauvages, potentiellement porteurs de virus auxquels les humains peuvent être sensibles.
Les zoonoses, une menace émergente pour la santé humaine
On le sait : le coronavirus Covid-19 est une zoonose, en d’autres mots une infection capable de se transmettre entre animaux et humains. L’émergence de zoonoses est relativement récente. Les exemples les plus connus sont le VIH (issu de chimpanzés d’Afrique centrale), l’Ebola (issu de primates importés des Philippines) ou encore la variole simienne (issue de rongeurs d’Afrique). Selon des chercheurs britanniques, la diversité des zoonoses et l’impact qu’ils ont (en proportion des personnes infectées) lorsqu’une nouvelle maladie émerge sont bien plus grands que ceux des maladies spécifiques à l’homme(1).
Ebola a fait trembler l’Afrique © Sergey Uryadnikov / Shutterstock
Selon une étude américaine(2), l’émergence de telles maladies a été favorisée par le commerce d’animaux, qui comprend notamment la fameuse « pré-importation », à savoir l’étape durant laquelle différentes espèces sont regroupées dans un pays de transit (avec souvent une promiscuité entre différentes espèces), avant d’être acheminés vers leur destination finale.
La transmission de différents virus entre les espèces est alors inévitable, et qui dit plus d’espèces porteuses dit aussi plus de chances pour les humains de se faire contaminer.
Selon une autre étude, l’apparition de « clusters » où la transmission de virus entre animaux et humains est facilitée est la conséquence d’une densité de population en hausse, d’un usage disproportionné d’antibiotiques et de pratiques agricoles qui évoluent(3).
Le changement climatique précipite la multiplication de maladies
D’autres données laissent penser que l’émergence de zoonoses est liée au changement climatique. Il en est par exemple ainsi de l’émergence du paludisme en Afrique orientale, le nombre d’infections ayant augmenté suite à une hausse des températures depuis les années 1970.
Le phénomène El Niño a causé des pluies abondantes, qui ont eu pour conséquence une multiplication dans la Vallée du Rift (Kenya) de moustiques du genre Aedes, qui sont vecteurs du paludisme La même chose s’est passée en Amérique du Sud et en Afrique méridionale(4).
Le paludisme est une des maladies les plus anciennes et les plus dévastatrices sur le continent africain © Jarun Ontakrai
La déforestation a, quant à elle, deux conséquences : d’une part les oiseaux sont forcés de modifier leurs habitudes migratoires, d’autre part, les pratiques agricoles commencent à se faire dans des endroits nouveaux, où des espèces qui n’entrent généralement pas en contact avec les humains peuvent avoir leurs habitudes.
Illustration bannière : La destruction des habitats naturels favorise l’émergence de nouvelles épidémies comme le Covid-19 – © DOERS