Dans le contexte actuel, il nous faut repenser notre mode de consommation. Les épidémies et pandémies dévastatrices, comme celle que nous traversons aujourd’hui avec le Covid-19, sont souvent d’origine animale. Parlons-en à l’occasion de la Journée sans viande, – qui est aussi celle du bonheur et de l’équinoxe de printemps !
Ce 20 mars, c’est cloitré chez nous à cause d’une pandémie qui ne cesse de faire des victimes partout dans le monde que nous passons cette Journée sans viande 2020. Il faut se faire à l’idée : ces deux événements sont en lien.
L’épidémie du COVID-19 aurait trouvé son origine dans un marché chinois qui vendait des animaux exotiques, des oiseaux vivants et des animaux marins pour la consommation humaine. À ce jour, ce qui est maintenant une pandémie d’envergure mondiale a fait plus de 7.500 morts, on enregistre près de 200.000 cas d’infection, et des pays entiers, dont la France, sont à l’arrêt.
Quand notre consommation de viande ouvre la porte aux pandémies
Il n’est pas inhabituel que des virus de ce genre se propagent dans la population humaine à partir d’animaux. Selon le centre de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention), plus de 75 % des maladies émergentes sont d’origine animale.
Ce serait le cas pour le COVID-19 mais également pour d’autres coronavirus, tels que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) qui se sont propagés des animaux aux humains, comme cela a également été le cas pour la Grippe porcine et la Grippe aviaire.
Qui mange qui et qui transmet à qui ? © aod surin
Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS)
Apparu en 2002, en Chine, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) s’est propagé dans 28 pays en 2003, faisant plus de 8.000 cas et près de 800 morts. L’origine de l’épidémie a pu être retracée à des chauves-souris qui auraient transmis le virus (celui-ci aurait muté) a des civettes – petits mammifères dont la chair est consommée en Chine – vendues pour la consommation dans un marché d’animaux dans la province du Guangdong.
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La grippe porcine
Des experts scientifiques pensent que le virus H1N1, à l’origine de la pandémie de grippe A en 2009 et 2010, est provenu du cochon, et en particulier d’un élevage industriel de cochons au Mexique.
Les grippes porcines affectent d’innombrables cochons dans les élevages, se propageant très rapidement d’un animal à l’autre, dans les conditions insalubres et de confinement extrême qu’endurent la majorité des animaux élevés pour la consommation.
Dans certains cas, le virus subit une mutation et peut être transmissible à l’humain, comme dans le cas du H1N1, et il se propage ensuite facilement dans la population humaine.
La grippe aviaire
Il s’agit d’une maladie virale qui sévit chez les oiseaux, notamment dans les élevages de poulets, d’oies, etc, et certains sous-types de grippe aviaire peuvent franchir la barrière des espèces : c’est le cas du virus H5N1.
La transmission du virus ne se fait à l’heure actuelle qu’à l’humain lorsqu’il est entré en contact avec un oiseau infecté, mais selon l’Institut Pasteur « les autorités sanitaires redoutent une évolution du virus vers une forme transmissible d’homme à homme, porte ouverte à une pandémie ».
La majorité des animaux élevés pour la consommation endurent des conditions insalubres et de confinement extrême © Irina Gor
La vache folle
Crise sanitaire des années 1990, l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), ou « maladie de la vache folle », aurait trouvé son origine dans l’utilisation de farines animales – fabriquées à partir des parties non consommables de carcasses bovines et d’autres animaux – pour l’alimentation des bovins.
Sa transmission se ferait à l’humain par le biais de la consommation de produits carnés.
Le lien entre la consommation d’animaux et les pandémies comme celle que nous vivons actuellement
Ces exemples montrent à quel point la consommation de chair animale pose de graves risques pour la santé publique.
La production de viande implique le confinement concentrationnaire de milliers d’animaux dans des élevages insalubres et surpeuplés où prospèrent les agents pathogènes. Les maladies sont inévitables dans ces conditions, malgré les quantités d’antibiotiques que l’on donne aux animaux, afin de les garder en vie jusqu’à temps qu’ils soient assez rentables pour être abattus de manière terrifiante.
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Selon Hans-Gerhard Wagner de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « l’élevage industriel intensif » est en effet une parfaite « opportunité pour les maladies émergentes ».
L’élevage d’animaux favorise également les recombinaisons de virus – provoquant des maladies qui affectent les animaux – qui mutent et deviennent transmissibles à la population humaine.
Repenser notre mode alimentaire
Confinés chez nous, c’est le moment de repenser notre mode de vie, notre alimentation, et de prendre en compte les effets dévastateurs que nos choix peuvent avoir sur la planète et ses habitants.
En plus de suivre les instructions sanitaires officielles et de prendre soin les uns des autres en cette période difficile, pensons à ce que nous pouvons faire, à notre niveau, pour éviter à l’avenir de contribuer à l’émergence de pandémies dévastatrices de ce genre.
Confinés chez nous, c’est le moment de repenser notre alimentation © puhhha
La consommation de chair et de produits animaux est extrêmement cruelle (provoquant les souffrances et la mort de milliards d’individus sensibles), néfaste pour notre planète (l’élevage est l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre, de la déforestation et de la pollution des cours d’eau) et mauvaise pour notre santé (manger des produits animaux nous met plus à risque de souffrir de maladies cardiovasculaires, de diabète et de certains types de cancer). En plus de tout cela, elle peut provoquer des crises sanitaires gravissimes, comme celle que nous traversons tous actuellement.
Il est grand temps de se détourner de la viande et des autres produits issus de l’élevage, pour adopter à la place une alimentation saine et végane. Combien de raisons supplémentaires nous faut-il ?
Illustration bannière : Femme masquée inspectant de la viande – risque sanitaire – © Masson