Le monde entier connaît le couteau Laguiole, le fameux couteau pliant orné de la petite abeille (ou serait-ce une mouche ?). Le succès de ce produit artisanal, petit joyau de l’Aveyron, est tel qu’il est sans cesse imité. Sans jamais être égalé bien entendu. Que se cache-t-il derrière le nom qui ne s’écrit pas comme il se prononce ?
La légende Laguiole
Rares sont les toutes petites communes françaises connues dans le monde entier. Laguiole, village aveyronnais de 1 200 âmes fait partie des grands noms de l’artisanat français. C’est sur ses terres qu’est fabriqué le fameux couteau Laguiole, au moins aussi célèbre que le couteau suisse.
Village de Laguiole CC knvrbk
L’histoire de ce couteau pliant remonte à prés de deux siècles. En 1829, Casimir-Antoine Moulin est le premier coutelier forgeron à s’installer à Laguiole. Il s’inspire du Capuchadou, un couteau réduit à sa plus simple expression : une lame emmanchée dans un morceau de bois.
Dès les 1ères années, les forgerons fabriquent le laguiole droit, le premier couteau fermant produit sur le territoire. Il est simple, sans décor, avec un ressort à cran forcé. Le manche, en os ou en ivoire se termine en forme de bec d’oiseau. Les années passent et le couteau s’adapte et s’améliore : en 1880, il se dote d’un poinçon et d’un tire-bouchon. En 1900, on voit apparaître les décors : d’abord une fleur qui se transformera quelques années plus tard en abeille ou en mouche. Les manches en ivoire sont sculptés en forme de pied de cheval, queue de crotale, bélier, papillon, trèfle… Sur certains modèles on grave des feuillages d’une extrême finesse.
Dans les années 1960, les ventes s’écroulent. Les couteaux ne se vendent presque plus jusque dans les années 1980. Mais en 1987, des passionnés redonnent leurs lettres de noblesse aux couteaux avec la Forge de Laguiole qui relance la fabrication du couteau. Le design de la manufacture est même confié à Philippe Starck. La marque Forge de Laguiole est déposée et fabrique aujourd’hui le traditionnel couteau pliant bien entendu mais aussi des variantes et des produits d’art de la table.
Une fabrication artisanale
Chaque couteau laguiole demande plusieurs heures, voire plusieurs jours de fabrication. Plus de 40 étapes successives sont nécessaires à leur réalisation. Certaines d’entre elles sont des étapes essentielles telles que l’estampage, la découpe, l’ébavurage, le blanchissage, le guillochage, le perçage, le façonnage, le détourage, le polissage et le lustrage… Il faut de 40 à 180 opérations pour assembler un couteau.
Photo : Forge de Laguiole
A la Forge de Laguiole par exemple, une centaine d’artisans travaillent ensemble, chacun excellant dans sa spécialité. Là bas on travaille à l’ancienne, sur des machines datant d’une autre époque. La ligne du couteau respecte le profil général déterminé par les couteliers du XIXe siècle tout en s’inspirant de design modernes.
Chaque pièce fabriquée à la main est donc une pièce unique.
Mouche ou abeille ?
Les uns sont persuadés que c’est une mouche qui orne les couteaux Laguiole, d’autres assurent qu’il s’agit d’une abeille. Dans cette histoire, difficile de trancher ! De nombreuses légendes tournent autour de cette petite bête : est-ce une abeille, symbole de récompense octroyée par Napoléon 1er aux habitants du village pour leur bravoure ? Serait-ce une mouche faisant référence à la partie métallique triangulaire ou ovale du même nom et qu’il fallait tirer vers le haut pour permettre à la lame de se refermer ?
CC : Titimo
Qu’il s’agisse de l’une ou l’autre, les ornements des couteaux historiques se sont de toute façon diversifiés. Les mouches et les abeilles sont parfois remplacées par des coquilles saint-jacques, des figures historiques, etc. Ce n’est donc pas ce critère qui pourrait être déterminant et permettre de reconnaître un vrai Laguiole du premier coup d’oeil.
Alors, qu’est-ce qui distingue le vrai couteau Laguiole de sa copie chinoise ou pakistanaise ?
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> suite : des copies pas du tout conformes !