La prévalence du Covid-19 est très élevée parmi le personnel des abattoirs. En France, le Conseil scientifique Covid-19 recommande une surveillance de cette population par dépistage systématique.
Le Conseil scientifique rappelle la flambée épidémique survenue dans un abattoir de la ville allemande de Rheda-Wiedenbrück à la mi-juin : plus de 1.500 salariés y avaient contracté le Covid-19.
Les abattoirs, des lieux à risque avéré
L’histoire de l’abattoir de Rheda-Wiedenbrück¸ au nord-ouest de l’Allemagne, a-t-elle des leçons pour les autorités françaises ? Oui, estime le Conseil scientifique Covid-19. Pour rappel, plus de 1.500 cas de Covid-19 avaient été identifiés en juin 2020 au sein de l’abattoir géant (6.500 salariés) qu’accueille cette ville allemande. L’apparition de ce cluster avait entraîné la fermeture pour 4 semaines de l’abattoir et un confinement partiel de la commune.
Le nombre de cas d’employés positifs au coronavirus dans les abattoirs a explosé © Vipavlenkoff
La France, autre acteur fort de l’industrie de la viande, compte 263 abattoirs. En tout, le marché de la viande fait travailler 100.000 salariés dans notre pays. Bien évidemment, les mêmes problèmes se posent. Les gérants des abattoirs et les inspections vétérinaires doivent faire appliquer des règles pour éviter des contaminations, pour cela encore faut-il comprendre pourquoi le Covid-19 se propage aussi efficacement dans les abattoirs.
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Toutes les conditions sont réunies pour une transmission facilitée
Si, de l’aveu du Conseil scientifique(1), ce phénomène reste mal compris, l’institution estime que de nombreux facteurs peuvent contribuer à la transmission du virus dans les abattoirs et leurs environs : travail en espace fermé, en proximité étroite avec d’autres collègues, transports et logements partagés. La température basse (4 à 10°C) qui règne dans les zones de découpe de la viande pourrait quant à elle être un facteur favorisant la survie du virus dans l’environnement.
Selon une étude publiée dans la revue scientifique BMJ en juillet 2020, les abattoirs constituent des lieux de transmission parfaits dans la mesure où ce sont des lieux clos où les salariés y sont obligés de parler très fort voire crier pour se faire entendre malgré le bruit, contribuant à la diffusion du virus dans l’air. La prépondérance de jeunes parmi les salariés des abattoirs fait que la majorité des cas de Covid-19 sont asymptomatiques. La promiscuité qui caractérise les logements de ces salariés et le faible accès aux dispositifs d’hygiène facilitent encore la transmission.
Les clusters autour des abattoirs restent un enjeu persistant de la crise du Covid-19 © ASA studio