Consommation de viande, suite. Après notre revue des 3 ouvrages qui détaillent les dérives de l’agriculture industrielle et des usines à viande, voici quelques informations récentes sur l’impact de l’excès de viande sur notre santé.
Trop de viande rouge favorise les cancers
« Mange de la viande, c’est bon pour toi » nous disaient nos mères et nos grands-mères. Sans doute, mais alors pas trop. Car plusieurs études médicales montrent que trop de viande, ce n’est vraiment pas bénéfique à notre organisme.
C’est même le contraire : selon certains médecins et nutritionnistes, les gens qui ne consomment que peu de viande rouge ont moins de risque de contracter un cancer de l’intestin.
Cancer colorectal
Déjà en 2005, une étude européenne montrait que les personnes qui mangent 160 grammes de viande rouge par jour accroissent d’un tiers le risque de souffrir d’un cancer de l’intestin, par rapport à ceux qui consomment le moins de viande.
Une consommation élevée de viande rouge augmenterait également les risques de souffrir d’un cancer du sein, de la vessie, de l’estomac et du pancréas. Le cancer du colon est également favorisé par la forte consommation de viande et de charcuteries(1). Idem pour le cancer colorectal (2).
Pourquoi trop de viande est-il néfaste ?
On connait 2 facteurs qui peuvent expliquer le coté nuisible de trop de viande.
1- Premier coupable probable, une molécule : l’hème (3), qui donne sa couleur rouge à la viande et qui serait néfastes pour les cellules du système digestif, favorisant à force de consommation de viande, l’apparition d’un cancer.
2 – La cuisson de la viande à forte température, comme sur un barbecue, pourrait aussi créer des substances cancérigènes (amines hétérocycliques) (4)
Consommation de viande et prise de poids
Si trop de viande ne vous provoque pas un cancer, cela pourrait alors vous faire grossir et accroître vos risques cardiovasculaires. La consommation excessive de viande, de boeuf ou de volaille, ne favoriserait pas seulement les risques de cancer mais également la prise de poids, et les risques de maladies cardiovasculaires.
Une étude américaine (5) a montré que les personnes consommant quotidiennement 250 g. de viande rouge, blanche ou de charcuterie, ont pris en moyenne 2 kg au bout de 5 ans.
Mais l’étude serait légèrement biaisée : les volontaires ayant participé à l’étude ont eux-mêmes déclaré leur poids, ce qui n’est pas une garantie d’exactitude ni de rigueur pour mesurer la différence de poids avant et à a la fin de l’étude. Les apports alimentaires déclarés pourraient aussi être imprécis puisqu’en général les personnes évaluent mal leur consommation quotidienne.
250 grammes de viande par jour = prise de poids
L »étude conclue néanmoins qu’il vaut mieux diminuer la quantité de viande consommée, pour éviter une prise de poids à long terme. Ceci dit, d »autres études complémentaires fournissent d’autres raisons de limiter votre consommation de viande : la viande est en effet source de cholestérol et donc de risques d’accidents cardiovasculaires.
Mangeur de viande ou végétarien ?
Que faut-il faire ? Rejeter la viande ou bien suivre le slogan « Le boeuf, toujours bon pour vous » des éleveurs canadiens ? Ou carrément, hérésie qui fait hurler les oncologues, suivre le « régime » Dunkan ?
Le chercheur de l’Agence britannique de lutte contre le cancer, Ed Yong, qui a conduit les études, ne conclut pas pour autant qu’il faut absolument se convertir au végétalisme.
Viande rouge et diabète
Quand on augmente sa consommation de viande rouge, on accroit en conséquence son risque de diabète de type 2. Par rapport aux personnes qui à consommation constante de viande rouge, ceux qui augmentaient d’une 1/2-portion de viande par jour sur une période de 4 ans voient leur risque de diabète de type 2 s’accroître de 48 % sur les 4 années suivantes. En cause : l’augmentation du taux de fer et de nitrites (charcuteries) ainsi que la prise de poids. Telle est la conclusion d’une étude américaine réalisée auprès de 26 000 hommes et 122 000 femmes auxquels on a fait remplir depuis 1986 tous les 4 ans un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires.
Conclusion : en limitant sa consommation de viande rouge on contribue donc à prévenir le diabète de type 2.
Ceci dit, il est clair pour lui que ceux qui mangent un bifteck chaque jour ne se font sans doute pas du bien.
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Veuillez noter qu’Emma et consoGlobe ne donnent ici que des informations et conseils de portée générale. Pour des conseils personnalisés, il faut soit contacter Emma en tant que diététicienne, soit consulter un médecin nutritionniste.
(1) La consommation de viande rouge et de charcuteries est incriminée dans la survenue de cancers du côlon, première cause de mort par cancer chez les non-fumeurs en France : chaque jour, 100 personnes sont atteintes, 45 en meurent. En 2007, le World cancer Research Fund (WCRF) a montré que la consommation de charcuteries est liée au cancer du côlon, avec un facteur de certitude très élevé. (source Inra)
(2) Etude de juin 2005, des Dr Elio Riboli et Teresa Norat, in JNCI -Journal of the National Cancer Institute-, basée sur les données de l’Etude prospective européenne sur le cancer et la nutrition, -EPIC-. Plus de 500 000 Européens ont été passés au crible pour étudier les associations possibles de la consommation de viande rouge, des préparations carnées, des volailles et des poissons sur le risque de cancer colorectal. Le risque de cancer colorectal croît de 49 % par 100 g. de viande « rouge » consommée quotidiennement. En revanche, plus de 100 G. de poissons par jour réduisent le risque de moitié. Le danger lié à une consommation de viande rouge est indépendant de la diminution de celle-ci pour le poisson.
(3) L’hème est la molécule qui donne sa couleur à la viande, c’est à dire au muscle, et donc également à la charcuterie. Plus l’hème est abondante, plus le muscle est rouge. Cette molécule apporte le fer sous la forme la plus facilement assimilable par notre organisme.
(4) Les amines hétérocycliques (AH) sont des composés chimiques formés au cours de
la cuisson des viandes, du poisson ou de la volaille, principalement si la viande est
grillée à haute température ou cuite pendant longtemps. On n’a pas prouvé qu’ils causent directement des cancers chez l’homme mais il vaut mieux utiliser une chaleur modérée lorsque vous faites griller, que vous rôtissez ou faites cuire à la poêle.
(5) Étude américaine publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition. Le résultat de l’étude s’observe chez les hommes comme chez les femmes, quel que soit leur âge, leur activité physique, les calories globales ingérées ou le type de nourriture consommé à côté. L’ écart observé s’observe pour les personnes de poids normal et pour celles en surpoids, pour les fumeurs ou les non-fumeurs.