C’est une vidéo qui a déjà fait le tour du web. En une journée, près de 450.000 personnes ont visionné les images insoutenables des coulisses de l’abattoir d’Alès, filmé par l’association de protection animale L214. Un scandale qui a poussé la Mairie à fermer, à titre conservatoire, l’établissement, et à lancer une enquête administrative interne, en plus de relancer une fois de plus le débat sur les conditions d’abattage des animaux.
Des scènes d’une rare violence
Les images ont été prises au printemps dernier dans l’abattoir cévénol. Face à la vidéo de 4 minutes 30, commentée par l’actrice Hélène de Fougerolles, on détourne régulièrement les yeux. Cochons mal euthanasiés au CO2, chevaux assommés et égorgés alors qu’ils se réveillent, moutons tués à la chaîne en étant conscients, vaches et taureaux suspendus par une patte avant de sentir la lame leur trancher le cou… Autant de scènes d’une rare violence, de quelques secondes seulement, qui mettent en lumière les sombres coulisses de l’établissement. « C’était une opportunité plus qu’autre chose. Il est très difficile de rentrer dans les abattoirs. C’est une personne indignée qui avait accès qui nous a alertés, explique à l’Express Sébastien Arsac, porte-parole de l’association L214. Par exemple, on voulait être sûr que certains animaux étaient bien conscients et qu’ils ne faisaient pas des mouvements de réflexe. L’expert a aussi apporté une analyse sur les conséquences sanitaires. »
Des anomalies et des dangers sanitaires pour l’homme
Attention à ne pas se tromper de combat : si l’abattoir utilise les méthodes d’abattage traditionnelles et selon le rite halal, la polémique n’est pas là. « De façon rituelle ou pas, les méthodes de cet abattoir sont choquantes. On voit bien des bovins mal étourdis reprendre conscience ou des cochons asphyxiés dans un puits. Et cela n’a rien à voir avec le halal ! », souligne Sébastien Arsac. Gilbert Mouthon, vétérinaire et expert auprès de la justice, relève, dans un long rapport publié sur le site de l’association, des anomalies, des mauvais traitements et des actes de cruauté sur les animaux abattus, de l’irrespect de la législation et des dangers sanitaires pour l’homme : « Des bovins saignés au sol restent plusieurs minutes avec la tête et la plaie de saignée baignant dans un mélange de sang et d’eau forcément contaminée par les toisons recouvertes de matières fécales ».
La Mairie a payé pour sa rénovation en 2010
Face à la polémique, la Mairie d’Alès a rapidement annoncé la fermeture administrative de l’abattoir de la ville. Un établissement ouvert en 1964, dans lequel sont abattus chaque année 3.000 chevaux, 20.000 cochons, 40.000 moutons et 6.000 bovins pour fournir des boucheries locales ou des cantines et qui a reçu 2,5 millions d’euros de la ville en 2010 pour sa rénovation. Se disant « ému par ces images », Max Roustan, Maire d’Alès, a annoncé dans un communiqué « le lancement d’une enquête administrative interne sur d’éventuels manquements aux normes d’abattage des animaux », en précisant que la fermeture définitive serait décidée en cas de fautes, ce qui condamnerait les 120 emplois de l’abattoir.
Une plainte déposée et une pétition à signer
Une plainte pour cruauté a déjà été déposée par l’association L214. Une pétition en ligne appelant à la fermeture de l’abattoir a recueilli plus de 100.000 signatures en deux jours. Plusieurs grands médias nationaux ont également diffusé les images. Au vu de la polémique et des répercussions de la vidéo, difficile d’imaginer que l’affaire se tassera. De quoi relancer le débat sur l’abattage des animaux. Alors qu’il existait 300 abattoirs en France en 2011, des alternatives sont régulièrement proposées pour offrir une mort digne aux bêtes. La Ruche qui dit Oui en a répertorié plusieurs, inscrites dans le Livre Blanc pour une mort digne des animaux : mailler le territoire avec des petits abattoirs, l’abattage à la ferme, ou l’abattage en unité mobile sont autant de possibilités qui éviteraient ce genre de polémique. Pour L214, la solution est toute trouvée : la fin de la consommation de viande.