On s’y attendait mais cela déçoit pourtant. Lors du dernier round de négociations sur la protection des eaux australes, la Chine et la Russie ont bloqué les discussions et refusé qu’un accord soit signé. Ouvrant la voie à une exploitation à grande échelle de la zone par leurs navires usines… C’est le carton rouge de la semaine.
3ème échec pour la Convention sur la conservation de l’Antarctique
C’est la 3ème fois depuis 2012 que la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) se conclue par un échec : le 1er novembre, les discussions qui se tenaient en Australie à Hobart, sur l’île australienne de Tasmanie, se sont achevées sur un goût amer.
La Chine et la Russie ont tout fait pour bloquer la protection des eaux de l’océan austral.
La Convention sur la conservation de l’Antarctique est une instance qui date de 1982 ; elle a été fondée pour superviser et préserver les ressources marines du continent Antarctique. Elle regroupe 24 États + l’Union européenne.
Les eaux glacées qui entourent l’Antarctique font l’objet de nombreuses convoitises : écosystèmes exceptionnels, riches en krill et en poissons, elles sont considérées comme un gisement de « protéines animales » capable de contrebalancer le déclin de la pêche dans les autres océans du globe. En bonne partie préservées des activités humaines, les eaux australes vont donc être exposées aux appétits industriels des professionnels de la pêche.
- Le projet qui a été rejeté par les membres de la CCAMLR prévoyait la création d’une immense zone de réserve marine, aussi grande que l’Inde, ce qui en aurait fait la plus vaste du monde. Les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande voulaient que cette réserve soit sanctuarisée ce qui aurait mis sous juridiction néo-zélandaise 1,25 million de km2 en mer de Ross côté Pacifique.
- L’Australie, la France et l’Allemagne poussaient pour créer 7 Aires Marines Protégées (AMP) pour un total de 1,6 million de km2 du côté océan Indien .
16 000 espèces désormais exposées aux activités humaines
Les 2 projets de sanctuaires qui auraient institué une importante réserve marine ont donc été retoqués, la Russie et la Chine s’y étant opposées. La CCAMLR ne se réunissant qu’une fois par an, et toute décision en son sein étant adoptée par consensus, les prochaines discussions sont désormais repoussées à l‘automne 2014.
Alors que les aires marines ont tendance à se multiplier dans le monde, la Russie avait pourtant déjà bloqué une séance de la Convention exceptionnelle, en Allemagne en juillet : le gouvernement russe ne veut pas que ses zones de pêche soient réduites et surtout lorgne sur les ressources en hydrocarbures et en minerais des fonds marins antarctiques.
Ouvert aux convoitises
En attendant, les cétacés, mammifères marins, oiseaux, manchots, et quelque 16 000 espèces de cette partie du monde n’auront plus de zones où être à l’abri de la technologie humaine. Le 1er novembre sera à marquer d’une pierre noire dans le calendrier de la CCAMLR, une institution qui ne peut résister aux conflits d’intérêts économiques et politiques de quelques États égoïstes. Souvent les mêmes …
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