Un amendement avait été déposé à l’Assemblée nationale afin de permettre aux préfets de classer les chats dans la liste des espèces d’animaux nuisibles et ordonner, le cas échéant, des battues administratives.
L’amendement a été déclaré irrecevable et n’a même pas été examiné dans l’hémicycle. À son origine, les députés François-Michel Lambert, Frédérique Dumas et Martine Wonner. Les deux dernières ont par la suite retiré leur soutien.
Pour la Ligue pour la Protection des Oiseaux, les chats sont une menace pour la biodiversité
Les chats sont en effet vus d’un mauvais oeil à la fois par les défenseurs des oiseaux et les chasseurs. La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) d’abord.
D’après ses statistiques, en 2017, plus de 11 % des animaux accueillis en centres de sauvegarde LPO ont été des animaux blessés par des chats : 84 % sont des oiseaux, 16 % sont des mammifères ou des reptiles. « Selon différentes études et méthodes, un chat bien nourri peut capturer en moyenne 27 proies par an, contre 273 pour un chat errant et 1.071 pour un chat haret. Par conséquent, rien que les chats domestiques tuent environ 324 millions de petits animaux par an », fait remarquer la LPO.
Au menu des chats, des mammifères (66 % des proies rapportées), suivis par les oiseaux (22 %) et les reptiles (10 %) © Jozef Sowa
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Comme l’explique cette association, le chat, même domestiqué, conserve ses instincts et ses facultés de prédateur, indépendamment de tout besoin alimentaire. Si on le laisse aller et venir, un chat, même bien nourri, va donc forcément chasser sans nécessairement manger ses proies.
Même le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) s’est intéressé à ce problème. Depuis 2015, il mène une enquête intitulée « Chat et Biodiversité » et rend régulièrement compte des résultats.
Parmi les proies des chats, le Muséum est parvenu à identifier 200 espèces différentes. Les chats s’en prennent surtout aux petits mammifères (66 % de l’ensemble des proies), puis aux oiseaux (22 %) et aux reptiles (10 %).
Parmi les mammifères chassés par les chats, 74 % sont des rongeurs et 19 % des Eulipotyphles, c’est-à-dire des taupes, musaraignes et hérissons. Enfin, 4 % des proies sont des Lagomorphes (surtout des lapins), tandis que les chauves-souris représentent 2 % des proies.
Les chasseurs peuvent compter sur un soutien politique de taille
Parmi les partisans de la réduction de la population de chats il y a aussi les chasseurs. En mai 2020, Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, avait déclaré dans un entretien à Chassons.com au sujet du chat : « Il est en train de détruire la biodiversité », ajoutant que « le piégeage du chat à plus de 300 mètres de toute habitation serait une bonne chose ».
À l’époque, ses déclarations avaient suscité un émoi sur les réseaux sociaux.
Le chat chasse toute l’année, avec un pic entre avril et octobre d’après les données du MNHN © Daniel Muresan
François-Michel Lambert, le député à l’origine de l’amendement, est quant à lui un soutien assumé des chasseurs. En 2016, il a attribué 2.500 euros de sa réserve parlementaire à l’Association de chasse et a voté contre l’abolition de la chasse à la glu, puis en 2018, il a voté des amendements plafonnant à 5 euros la future « éco-contribution » des chasseurs…
Illustration bannière : Un chat à l’affut de sa prochaine proie © Alina Simakova