Brigitte Bardot peut encore se faire de nombreux cheveux blancs : ouverte fin mars au Canada, la chasse aux phoques reste le plus grand massacre de mammifères marins dans le monde avec 900 000 phoques environ tués chaque année dans le monde à des fins commerciales ou de subsistance. Le quota d’abattage a même été porté à 338 000 phoques tués au Canada, pays où sont abattus près du tiers des phoques chassés dans le monde. Mais cette pratique, sujette à débat, pourrait se voir endiguée par de prochaines mesures européennes.
La chasse aux phoques, pourquoi et comment ?
6.000 personnes pratiquent la chasse au phoque au Canada ; les phoques sont principalement tués pour leur peau, utilisée
par l’industrie de la mode (fourrure) et pour leur huile, très prisée par l’industrie pharmaceutique.
Ainsi la chasse au phoque constitue une importante source de
revenus pour de nombreuses petites localités côtières isolées du Canada atlantique, du Québec et du Nord : selon le ministère canadien du Commerce, elle peut représenter jusqu’à 35 % du revenu annuel d’un chasseur de phoque.
Si le phoque n’est pas à proprement parlé une espèce menacée, sa chasse est dénoncée pour sa cruauté par de nombreuses ONG comme le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) ou la Human Society International, auxquelles vient s’ajouter la célèbre Fondation de Brigitte Bardot.
En effet, non seulement, la chasse vise les très jeunes phoques puisque 98 % des phoques chassés ont entre deux semaines et trois mois, mais leurs conditions d’abattage sont parfois accablantes.
Si les chasseurs tuent les phoques désormais à l’aide de fusils dans leur majorité, certains continuent d’employer la technique du hakapik (instrument d’1,50 munie d’une pointe métallique), qui amènerait à des dépeçages d’animaux encore vivants ! En 2001, une équipe de vétérinaires a observé la chasse et examiné les cadavres dépecés ; selon elle, 42 % des phoques auraient été dépouillés de leur peau alors qu’ils étaient probablement conscients.
Pour 2009, le ministère canadien des Pêches a augmenté de 43.000 bêtes le quota d’abattage (338 000 au total) qui concerne principalement 3 espèces de phoques :
- 280000 phoques du Groenland, soit 83 % des prises autorisées par le gouvernement pour 2009,
- 8200 phoques à capuchon,
- 50 000 phoques gris.
Les produits dérivés du phoque bientôt interdits ?
Cette technique d’abattage des phoques, certes désormais restreinte mais dont les images très choquantes sont abondamment relayées par les médias, ainsi que les campagnes de mobilisation, ont amené la Commission européenne à demander l’interdiction quasi totale des importations de produits dérivés du phoque. Le Parlement européenne doit se prononcer sur ce projet de loi le 22 avril 2009. Or l’Europe est représente plus de 60 % des parts de marché de la chasse commerciale canadienne.On ne s’étonnera donc guère de voir le Canada menacer de porter plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) si l’Union européenne décide d’interdire les produits dérivés du phoque.
Le gouvernement canadien a beau mettre en avant le durcissement de sa législation pour éliminer les pratiques les plus cruelles comme le hakapik, cela ne pourrait peut-être pas suffire.
Déjà mis à mal, le commerce du phoque voit donc son avenir s’obscurcir doucement, avec pour principale conséquence une hausse du chômage dans les zones isolées du Canada, notamment dans la province du Nunavut (nord-est) où le taux de chômeurs frôlerait les 60 % dans certains endroits et où les jeunes chasseurs Inuits ont du mal à comprendre en quoi le fait de chasser le phoque, qui se fait il est vrai majoritairement à la carabine désormais, est plus cruel que l’élevage en masse d’animaux enfermés toute leur vie dans le noir de batteries industrielles occidentales…
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Sur les phoques et la chasse aux phoques