Les 28 et 29 mai 2015 auront lieu à Saint-Martin-du-Fouilloux, près d’Angers, la 3eme édition des Terrenales, le rendez-vous mondial de ‘l’agriculture écologiquement intensive’, ou AEI, pour les intimes. Ce modèle agricole novateur, fruit des recherches de l’agronome Michel Griffon, est promu par Terrena, première coopérative agricole de France.
Pour Hubert Garaud, président de Terrena, l’AEI c’est « une troisième voie entre le bio et le conventionnel », permettant aux agriculteurs de relever le triple défi qui consiste à produire plus pour nourrir une population mondiale qui ne cesse d’augmenter, tout en produisant mieux, c’est-à-dire des aliments sains de haute qualité nutritionnelle, et en respectant l’environnement.
Agriculture intensive, mais pas du tout comme l’agriculture intensive…
Attention ! Le ‘I’ de AEI ne se réfère pas à ‘agriculture intensive’, bête noire des écologistes, mais correspond plutôt à une « agriculture qui utilise intensivement les fonctionnalités des systèmes productifs »(3), c’est-à-dire le fait de combiner en les amplifiant certaines méthodes écologiques pour créer des synergies productives tout en réduisant les atteintes à l’environnement. C’est l’aspect écologique qui est intensif.
Concrètement, cela signifie, par exemple, l’utilisation de la méthanisation pour chauffer les serres ou le recours à des variétés de plantes plus résistantes à la sécheresse et qui ont besoin de moins d’engrais.
Mais Michel Griffon veut aller plus loin : en s’appuyant sur les principes de la viabilité des écosystèmes et des sociétés, il propose de créer une agriculture durable, dans un cadre d’écosystèmes eux aussi durables, pour des sociétés économiquement et socialement viables. « L’agriculture nous oblige à dépasser nos paresses, ne serait-ce que pour une raison : elle est multiple », nous dit Erik Orsenna dans sa préface au livre de M. Griffon. « Michel Griffon nous prouve qu’il faut tout à la fois lutter contre les idées générales, la plaie car paresse de l’esprit, et nous contraindre à une culture toujours plus ouverte… »
L’Agriculture Écologiquement Intensive se développe en France
Des agriculteurs français appliquent déjà les principes de l’AEI de multiples façons. Ainsi, Jean-Yves Ménard et ses quatre associés au GAEC des Buissons à Saint-Lambert-la-Potherie (Maine et Loire) ont installé récemment un Microferm, système qui produit électricité et chaleur à partir du lisier de l’exploitation. Cette unité de micro-méthanisation, nouvelle génération, convertit les effluents de ses 115 vaches laitières, mélangées avec la menue paille, les eaux de la salle de traite et les refus d’alimentation, pour produire 400.000 kWh d’électricité revendus à EDF et 250.000 kWh de chaleur, qui permet de chauffer trois habitations et l’eau du robot de traite.
Autre exemple : Stéphane Bodiguel, dans le canton de Pipriac en Ille-et-Vilaine, pousse l’idée plus loin en reliant son méthanier à trois bassins d’eau où il fait pousser la spiruline, micro-algue aux propriétés étonnantes. La chaleur générée par la fermentation du fumier et du marc de pomme permet de maintenir l’eau des bassins à 36° pour permettre le développement de ce micro-algue. « La spiruline est riche en protéines, dit Stéphane. Reste à savoir si le produit pourrait nourrir les animaux. Ses effets ont déjà été prouvés sur les chevaux de course, meilleurs à l’effort. »
Enfin, à Blou (Maine et Loire), Jean-Marc Poirier expérimente un système d’irrigation au goutte-à-goutte pour ses maïs sur une parcelle de trois hectares. Par rapport à son ancien système d’arrosage avec un enrouleur, il tire la conclusion suivante : « Si le coût est un peu supérieur, je consomme moins d’eau et je gagne en qualité d’arrosage. Il n’y a pas de volatilité et je peux également faire de la ferti-irrigation. La gaine va mettre en terre une forme de bulle d’eau que les racines du maïs vont aller chercher pour se nourrir.(4) »
D’autres expériences sont en cours : utilisation de robots pour arracher les mauvaises herbes, double cultures pour diminuer les parasites et améliorer la qualité du sol, sondes numériques pour envoyer des renseignements sur le champ, capteurs de méthane dans les étables.
Une idée de sortie : les Terrenales 2015
Vous pouvez voir tout ça et plus encore en vous inscrivant sur le site des Terrenales 2015 ! Les visiteurs y verront, sur huit hectares, une centaine de solutions concrètes aux problèmes quotidiens des agriculteurs : nourrir les animaux, contrôler les insectes, trouver des variétés adaptées aux changements climatiques, améliorer la qualité des sols, ou encore trouver de nouveaux outils numériques ou robotiques.