Voici, 10 conseils prodigués par les soigneurs du Musée Océanographique de Monaco pour ceux qui veulent s’occuper sérieusement d’une tortue.
En règle générale, éviter d’offrir une tortue (ou un animal) : la personne qui va recevoir ce cadeau (enfant ou adulte) pourrait ne pas forcément se rendre compte de la charge de travail et d’attention nécessaire. Les animaux ne sont pas des cadeaux à faire, comme on le fait pour les biens de consommation !
10 conseils pour adopter une tortue
Vous souhaitez adopter une tortue ? Cela ne se fait pas à la légère. Une tortue a besoin de soins pour vivre correctement, et longtemps : les tortues vivent généralement plusieurs dizaines d’années. Gardez cela en tête avant d‘adopter ce petit animal !
Offrir à sa tortue sa dose de lumière
Veillez à lui donner quotidiennement sa dose d’UV qui lui est vitale. Une exposition à la lumière naturelle du soleil ou, à défaut, sous des lampes spéciales délivrant des UV-B lui permettra de synthétiser la vitamine D, indispensable à l’absorption intestinale du calcium (élément primordial pour le développement du squelette et de la carapace).
Reconnaître l’état de santé d’une tortue
L’observation d’une tortue permet d’anticiper et de faire face à des problèmes liés à sa santé. Une tortue malade présente un comportement anormal qui s’exprime par les symptômes suivants :
- manque de dynamisme, perte de l’appétit et de poids ;
- démarche désynchronisée et frottement du plastron sur le sol ;
- respiration bruyante, sifflante, gueule entrouverte, hypersalivation ;
- liquide épais s’écoulant des narines ;
- diarrhée, constipation ;
- enfoncement des globes oculaires, larmoiements et paupières gonflées ;
- présence de taches rouges sous les écailles des membres ou du plastron ;
- ramollissement de la carapace avec retard de croissance ;
- déformations de la dossière.
Fournir un coin ombragé à sa tortue
Fabriquez-lui un enclos au soleil – indispensable à la tortue – avec un point d’eau (une petite assiette, toujours remplie d’eau propre). Assurez-vous toutefois qu’elle puisse se mettre à l’ombre à tout moment si elle en ressent le besoin.
Donner de la nourriture saine à sa tortue
Il y a des tortues carnivores (qui vont manger poissons, crustacés ou insectes), des tortues herbivores (qui vont manger plantes, fruits, légumes) et des tortues omnivores (qui ont un régime alimentaire à la fois carnivore et herbivore). Il faut donc déterminer les besoins alimentaires spécifiques de chaque tortue !
Il faut lui donner de la nourriture tous les jours, mais en petite quantité selon sa taille, bien sûr. Pensez à varier son régime pour éviter des carences alimentaires et lui donner des aliments frais. Privilégiez les aliments riches en calcium, nécessaires à la rigidité de sa carapace.
Donner de l’eau à la tortue
Veillez bien à ce que la tortue ait toujours de l’eau pour s’hydrater. Le bac d’eau doit être adapté à la tortue ; la hauteur d’eau ne doit pas présenter un risque de noyade pour les tortues terrestres ; pour les tortues aquatiques, bien sûr, plus il y a d’eau, plus elles ont de la place pour nager !
En hiver, laisser la tortue hiberner
Certaines espèces de tortues ont besoin d’hiberner, d’autres, au contraire, n’hibernent jamais. Renseignez-vous tout d’abord sur les besoins biologiques de votre tortue. Si la tortue doit hiberner, la période favorable à cela s’étale de fin octobre à mars. Un animal adulte ne doit pas hiberner plus de 20 semaines, ou 4 semaines pour les juvéniles. Veillez à respecter les conditions indispensables pour la mise en hibernation :
- Animal adulte (hibernation des juvéniles possible entre 4 et 6°C strictement)
- Animal en bonne santé avec des réserves graisseuses suffisantes
- Réduction de l’alimentation entre six à huit semaines avant le début de l’hibernation
- Diète de trois semaines juste avant l’hibernation et bains d’eau tiède (25-30°C) de 15 min
Pour la faire hiberner, placez la tortue dans une caisse pleine de terre meuble et de feuilles : elle pourra ainsi s’enfouir. Ajoutez de la paille et du foin en grande quantité puis un grillage de protection contre les rongeurs. Placez la caisse dans une pièce calme à 5-10°C (contrôle avec thermomètre). Au cours de l’hibernation, pesez votre tortue régulièrement : la perte de poids normale correspond à -1 % du poids vif initial /mois.
Si la tortue a uriné, ne la remettez pas à hiberner, car il existe un risque de déshydratation.
Faites cesser l’hibernation lorsque les risques de gelée sont définitivement passés. Pour cela, procédez à un réchauffement et à une exposition à la lumière progressifs de la tortue. Quand elle est réveillée, baignez-la dans une eau tiède afin qu’elle puisse s’abreuver et éliminer les toxines (acide urique). Pesez-là et assurez-vous qu’elle n’ait pas perdu plus de 2 à 5 % de son poids vif. Nettoyez aussi délicatement ses yeux. Vérifiez la reprise de l’alimentation dans les sept jours post-hibernation ; si tel n’est pas le cas, prenez conseil auprès d’un vétérinaire.
Évitez les courants d’air, car les tortues sont sujettes aux rhinites, qui peuvent dégénérer en pneumonie.
Prendre soin de sa tortue malade
Vous devez maintenir la tortue malade dans un terrarium chauffé entre 28°C et 30°C le temps nécessaire à sa guérison, en évitant les courants d’air. La chaleur active le métabolisme de la tortue en stimulant ses défenses immunitaires ainsi que les mécanismes de cicatrisation.
Votre tortue est blessée ?
S’il s’agit d’une plaie ouverte, appliquez localement une solution antiseptique. Si la plaie est bénigne, il n’est pas nécessaire d’isoler la tortue, elle peut demeurer en enclos extérieur. Si vous avez d’autres tortues, veillez cependant à ce que celles-ci ne viennent pas mordiller la plaie. L’animal doit être surveillé quotidiennement jusqu’à la cicatrisation complète, pour prévenir la ponte d’insectes (mouches) dans la blessure.
Votre tortue souffre de solitude ?
La tortue préfère vivre en petits groupes : évitez de laisser votre tortue toute seule. Choisissez pour lui tenir compagnie une tortue de la même espèce : il faut en effet, éviter de mettre dans le même enclos des espèces différentes de tortues, et ce, afin d’éviter les problèmes d’hybridation.
Que faire si vous ne voulez plus de votre tortue ?
Surtout, ne relâchez jamais une tortue dans la nature, et ce, afin de préserver l’équilibre de la faune et la flore sauvage locale. Recherchez-lui un centre d’accueil, en général bien répertoriés sur Internet.
Si vous trouvez une tortue de mer échouée sur une plage ou en difficulté en mer (par exemple piégée dans un filet de pêcheur), téléphonez au Musée Océanographique qui interviendra pour la prendre en charge, et au besoin, la soigner dans ses locaux, avant de lui rendre sa liberté. En attendant l’arrivée des soigneurs, hydratez-la en l’arrosant avec de l’eau de mer. Le cas échéant, enlevez-lui délicatement le filet qui pourrait la gêner, mais évitez de la déplacer.
Le Musée océanographique de Monaco vient en aide aux tortues en difficulté
Membre du Réseau Tortues Marines de Méditerranée, le Musée océanographique de Monaco collecte des informations sur les tortues présentes sur ses côtes et étudie les spécimens, les soignent puis les baguent avant de les relâcher en mer.
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