Claire est une habituée de la poissonnerie de sa ville, où elle se rend régulièrement munie de son bocal. Mais, ce jour-là, son vendeur habituel était absent. Son remplaçant fut quelque peu étonné de se voir obligé de glisser la commande de poisson dans le bocal de Claire, sans emballage papier qui plus est. Mais il eut encore plus de mal à croire que Claire refusât aussi un simple ticket de caisse…
Claire, blogueuse, est adepte du zéro déchet depuis 2012. Ce qui peut paraître étonnant, voire impossible pour beaucoup, est aujourd’hui affaire courante pour elle. Claire illustre la révolution du zéro déchet. Aucun déchet ? Comment est-ce possible ?
Zéro déchet : comment y vient-on ?
Le déclic ? C’est après avoir reçu le détail de la taxe sur les ordures ménagères que Claire a commencé à se poser des questions. Persuadée de recycler et trier ses déchets comme il le faudrait, elle se résigna dans un premier temps à penser que la faute des déchets venait avant tout de l’industrie de masse et de sa profusion d’emballage. Mais la lecture du fameux blog Zéro Waste Home de Béa Johnson bouleversa sa vision : « Tant que j’achèterai des produits sur-remballés les industriels en produiront », conclut-elle.
Une année complète sans déchet, le pari peut paraître impossible à l’époque de la consommation de masse… Pourtant, Claire n’est pas seule. Loin d’être un phénomène de mode, l’aspiration à ce mode de vie et de consommation sans déchets touche de plus en plus de personnes : ne pas laisser derrière nous une longue traînée de déchets inutiles.
Certains se sont donc lancés dans l’aventure de vivre un an en diminuant au maximum la production de déchets : découvrons leurs motivations et apprenons comment prendre exemple de leurs expériences.
Tous pensaient que c’était impossible au départ
Comment ces personnes en sont-elles arrivées à vouloir changer en profondeur leur mode de vie ? La réponse est simple : en étant confrontées aux problèmes de notre société actuelle en termes de protection de l’environnement et aux dégâts causés par l’habitude de tout jeter à la poubelle.
Loin d’être dans l’extrémisme ou dans la révolte, ce mode de vie demande certes une forte volonté, mais ne bouleverse pas fondamentalement le rythme de vie, comme nous l’explique Claire : « contrairement, à ce que l’on peut imaginer, expérimenter le mode de vie zéro déchet n’a pas changé fondamentalement mon rythme de vie. Il y a eu une période d’adaptation d’environ 3 à 6 mois où j’ai essentiellement changé mes habitudes d’achat ».
Et surtout vivre sans déchet ne veut pas dire vivre reclus comme nous l’explique toujours Claire : « Je ne suis pas passéiste. Comme beaucoup, j’ai un téléphone portable, une tablette… faire mes yaourts maison, oui, mais dans une yaourtière. Ceci dit, les années et siècles d’expériences qui nous précèdent sont certainement riches d’enseignements que nous avons balayés au nom de la modernité et de la technologie. Mais manger des aliments dont on ne connaît même plus le contenu : est-ce moderne ? »
Leçons apprises : le zéro déchet, ce n’est pas simple, mais c’est possible
Apprendre à REFUSER ce dont on n’a pas besoin
Il est tout d’abord nécessaire de refuser le jetable dans sa globalité, et nous entendons par jetable tout ce qui ne peut pas être réutilisé, tout ce qui pollue inutilement et tout ce dont l’utilisation n’est pas nécessaire.
Proclamer « NON » haut et fort, voici ce que la plupart de ces personnes ont dû se forcer à faire. Comme nous l’affirme Lauren, 23 ans : « j’ai commencé à dire non à des choses comme les pailles dans mes cocktails dans les bars, non aux sacs plastiques ou en papier dans les magasins ».
Cette phase de refus implique de ne pas être soumis à la plupart des publicités et pratiques marketing qui influencent nos modes de consommation.
RÉDUIRE au maximum
Pour cette étape, le désencombrement est requis. Il faut garder uniquement ce dont nous avons réellement besoin. Les achats se font donc de manière plus raisonnée. Notez qu’ainsi vos dépenses risquent, au passage, de s’amenuiser…
Éliminer le plastique signifiait apprendre à emballer tous mes produits moi-même.
Lauren, 23 ans, adepte du Zéro déchet
Toutes les pièces de la maison doivent être passées au peigne fin. Adieu les dizaines de produits d’entretien, le bicarbonate de soude et le savon noir peuvent à eux seuls subvenir à l’essentiel de l’entretien de votre maison.
Pour être optimale, l’utilisation des appareils électroménagers doit être repensée, certains n’étant sûrement pas primordiaux.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Ce précepte d’Antoine Lavoisier doit devenir la base du changement de comportement. C’est, en réalité, le changement le plus décisif : acheter en vrac, et si possible local et de saison, et faire soi-même.
Zéro déchet : réutiliser autant que faire se peut
Avec un peu d’imagination et d’huile de coude, tout est envisageable. L’obstacle est bien souvent plutôt le temps que les solutions pratiques : les yaourts, le pain, un potager – possibles même en ville -, une crème hydratante, de nombreuses recettes sont disponibles et faciles à réaliser.
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- Vous pouvez remplacer vos cotons démaquillants, vos cotons-tiges et vos serviettes hygiéniques par des produits lavables. De même, remplacez les cotons-tiges par un unique cure-oreille ou encore fabriquez de petits disques de tissus en substitution aux innombrables cotons que nous utilisons chaque jour.
- Favoriser un bloc de savon plutôt que les bouteilles de gel douche en plastique.
- Pour vos cheveux, pourquoi ne pas tester le sans shampoing, difficile à se lancer, mais tout de même sans égal pour la planète et pour vos cheveux, trop souvent maltraités par les shampoings vendus en grande surface.
- Sinon, des recettes de shampoing sec avec de la Maïzena et de l’argile verte sont idéales. Vous en trouverez bien sûr sur consoGlobe, de même que des recettes d’après-shampoing. Vous pouvez également faire vous-même votre lessive.
Échanger, troquer, partager sont autant d’actions de substitution à l’achat de masse
Et surtout, réutiliser nos propres déchets. Que se soit nos déchets alimentaires, que nos fins de produits d’entretien ou de maquillage par exemple. Les solutions sont multiples : une blogueuse et adepte du zéro déchet nous fait ainsi part, avec fierté, qu’elle réutilise son bouillon avec les os de poulet rôti pour faire un risotto ou encore la cendre de bois de son poêle pour nettoyer les vitres !
Zéro déchet = 100 % RECYCLAGE
Rien de plus simple pour nos restes alimentaires, un bon composteur est idéal. Nos adeptes du zéro déchet utilisent le fameux lombri-composteur, boîte à compostage innovante et surtout prête à l’emploi.
Une organisation infaillible
C’est bien au moment des courses que ce mode de consommation se fait ressentir le plus et surtout face à la profusion à laquelle nos centres commerciaux sont régis. Claire nous confie que chaque organisation reste unique en fonction du mode de vie de chacun. Pour elle, vivant à la campagne, le marché chaque semaine, accompagnée de ses bocaux, et l’épicier bio restent ses principaux fournisseurs avec quelques achats sur les sites internet des grandes surfaces pour certains produits spécifiques : « j’y achète ce que je ne trouve pas en vrac et je ne choisis que des emballages recyclables ».
Une organisation qui peut paraître fastidieuse, mais qui au final fait gagner du temps et de l’argent.
Une vie transformée
Des économies, une alimentation saine, une vie transformée ! Pour les témoins du zéro déchet contactés, la principale clé de ce changement d’habitude reste la force de conviction. « Je n’ai pas commencé à vivre ce style de vie pour faire une déclaration, j’ai commencé à vivre de cette façon parce que vivre une vie zéro déchet est, pour moi, le meilleur moyen de vivre en adéquation avec mes valeurs et mes principes », d’après Lauren.
Tout comme les défenseurs du zéro déchet nous l’affirment, le déclic se fait après une prise de conscience avec la volonté de revenir à de vraies valeurs de vie. La « simplicité volontaire » en est le fondement, en opposition à l’insatisfaction perpétuelle que notre modèle de société nous impose. « Vivre confortablement en ne produisant quasiment pas de déchet est tout à fait possible, comme beaucoup de choses il s’agit avant tout de volonté », selon Maude, une autre blogueuse et adepte du Zéro déchet.
Les adeptes restent unanimes sur un point : ce mode de vie a véritablement redonné du sens à leurs convictions, par les rencontres, le lien et le partage qu’il a induit. Plus de contraintes et beaucoup de contradictions ? Selon Claire, « C’est tout le contraire… C’est un vrai challenge, mais c’est enthousiasmant ». Alors… êtes-vous enthousiasmés ?