Des chercheurs allemands ont mené une enquête pour évaluer la gêne possible provoquée par le bruit et la vue des éoliennes sur les riverains. Une étude qui intéresse la France, le pays souhaitant développer son parc.
Pour déterminer les nuisances du quotidien que la présence d’éoliennes fait peser sur les habitants des alentours, des scientifiques allemands ont interrogé, à deux reprises en l’espace de deux ans, 212 résidents d’une région rurale. Le bruit reste la seule gêne détectée.
Quelles nuisances au quotidien sur les habitants vivant près d’un parc éolien ?
Des chercheurs de l’université Martin Luther de la ville de Halle, en Allemagne, ont mené une étude sur les conséquences, au quotidien, de la présence d’éoliennes sur la vie des habitants. Ils souhaitaient savoir si les riverains subissaient des nuisances dans leur vie de tous les jours. Pour ce faire, ils ont interrogé à deux reprises, en 2012 et en 2014, 212 résidents d’un parc éolien en Basse-Saxe, et leur ont fourni du matériel afin d’enregistrer le bruit. Les résultats sont parus dans la revue Energy Policy(1).
Cette enquête intéresse de près les Français. En effet, en janvier 2018, le gouvernement a annoncé des mesures visant à développer rapidement le parc éolien terrestre, afin de rattraper le retard de l’Hexagone sur ses voisins européens, notamment outre-Rhin. Mais ces projets se heurtent à un problème d’acceptabilité, avec des contentieux au long cours. Associations et groupements de riverains dénoncent, entre autres, des nuisances visuelles et sonores, source d’après elles d’anxiété et d’insomnie.
Seul le bruit constitue une gêne, et encore serait-elle mineure
Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont donc interrogé les habitants de cette zone rurale. Leur maison se trouve à proximité d’un parc éolien composé de neuf infrastructures de 150 mètres de haut. Quand les riverains ont été interrogés la première fois, en 2012, les éoliennes étaient installées depuis trois ans. À ce moment, 10 % d’entre eux ont déclaré une gêne ou un symptôme (anxiété, problèmes de sommeil, irritabilité ou troubles de l’humeur). Plus que la vue, c’est surtout le bruit (en particulier les variations de sons) qui est dérangeant pour les riverains. Deux ans plus tard, la proportion de personnes gênées par les éoliennes est descendue à 7 %.
Dans la campagne en Allemagne © Ben Schonewille
Mais selon les résultats de cette enquête qui se base sur les déclarations des habitants, les personnes les plus gênées par les éoliennes sont aussi celles qui étaient initialement les plus opposées au projet. Et fort logiquement, ce sont également celles qui ont été les moins intéressées par les conseils donnés pour mieux supporter la présence des éoliennes.
Pour les auteurs de l’étude, il est donc important de mieux informer les résidents avant la mise en place d’éoliennes et d’instaurer un dialogue pour apaiser les tensions éventuelles. En effet, au final, aucune nuisance sur la santé n’a été détectée. Seul le bruit peut être considéré comme gênant, mais les habitants s’y sont habitués et ont changé leurs habitudes, sans s’en plaindre.
Illustration bannière : Village près d’une ferme éolienne – © LU JINRONG