Vandana Shiva : son engagement contre les OGM
Parfois qualifiée de « José Bové en sari », Vandana Shiva rappelle incessamment qu’il est nécessaire de se méfier des multinationales. En effet, il faut se mobiliser contre ces dernières qui sont « sans aucune conscience morale et humaine, qui exploitent et détruisent des biens communs pour leurs enrichissements personnels ».
Pour Vandana, « il faut se liguer, se regrouper tous ensemble pour manifester avec les agriculteurs et paysans, qui sont les derniers conservateurs de la nature originelle ».
Elle réclame ainsi l’importance d’un moratoire international sur les OGM. Notamment visé, Monsanto. Selon Vandana, aujourd’hui, 95 % de la semence de coton en Inde est génétiquement modifiée par la firme.
Le prix de la graine a ainsi augmenté de 70 000 % et un fermier en Inde doit s’endetter pour payer ses plants et les pesticides nécessaires. Conséquence : entre 1995 et 2012, quelques 291 000 suicides ont été constatés chez les fermiers indiens.
Vandana Shiva : elle défend le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
Vandana Shiva est également une fervente défenseuse du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Elle souhaite aider les paysans à revenir à l’agriculture biologique et interdire la privatisation des semences, afin de préserver la souveraineté alimentaire de tous.
En 2001, en collaboration avec 14 lauréats du Prix Nobel alternatif ou du Prix Goldman, elle demande au Congrès mexicain la reconnaissance constitutionnelle des peuples autochtones et de leurs droits, au Mexique, en insistant sur leur rôle dans le développement et la conservation de la biodiversité naturelle et culturelle.
En 1993, elle obtient le prix Nobel alternatif « pour avoir placé les femmes et l’écologie au coeur du discours sur le développement moderne » et en 2012, le Grand Prix de la culture asiatique de Fukuoka. Elle est également une activiste mondiale de la paix et de la biodiversité.
Après avoir organisé des marches avec des centaines de milliers de fermiers, Vandana Shiva souligne « nous avons obtenu du gouvernement indien la seule loi au monde autorisant les paysans à reproduire, échanger, distribuer, améliorer, diffuser, vendre des graines. Ce qui, par exemple, est interdit en France, mais qui le sait ? ».
L’arme de Vandana Shiva pour faire passer son message : la non-violence
La méthode était déjà utilisée par Gandhi, Martin Luther King ou encore Nelson Mandela. Pour lutter contre le brevetage du vivant et défendre les petits fermiers, Vandana Shiva emploie la désobéissance civile et la résistance non violente.
Photo : François Polito
Pour cela, elle s’appuie notamment sur les femmes.
Sa vision du futur ? « Celle d’économies du partage où l’homme, la femme et la nature communient tous ensemble en égaux. Il est urgent de créer des valeurs de non-violence dans la société. La non-violence, ce n’est pas la faiblesse, c’est la force. C’est réaliser que nous sommes tous interconnectés. Nous devons vivre avec nos diversités, non pas seulement les tolérer mais les célébrer ».
Ainsi, Vandana Shiva a organisé une marche mondiale contre Monsanto et gagné de nombreux grands procès, dont un face à Coca-Cola. Cela fait d’elle une icône de l’altermondialisme et la revue Forbes l’a même consacrée parmi les 7 féministes les plus influentes dans le monde.
Vandana Shiva : est-elle vraiment l’icône qu’on nous présente ?
Certains détracteurs pointent du doigt l’obscurantisme porté par Vandana Shiva. Pour cette dernière, les femmes seraient « socialement conditionnées » pour être plus attentionnées car elles ont longtemps été réduites à la garde des enfants et au travail domestique.
Pour Vandana Shiva, « en prenant soin de la terre, on produit plus de nourriture, de meilleure qualité. En s’occupant des communautés, des générations futures et les uns des autres, on crée plus de bien-être et de bonheur dans les sociétés. Si l’économie de marché se féminisait, au lieu de mesurer la croissance, on mesurerait le bien-être ».
Photo : Samirluther
Elle ajoute « notre économie, fondée sur le patriarcat, pousse les hommes à détruire, les femmes à soigner, à réparer, donc à se révolter ».
D’autres s’insurgent des tarifs jugés « exorbitants » que demanderait Vandana Shiva pour délivrer sa bonne parole. Selon l’agence de placement de conférenciers célèbres, il faudrait débourser entre 35 000 et 40 000 dollars (hors frais de voyage).
Il n’en reste pas moins que Vandana est une porte-parole pour le durable dans le monde entier. Et vous, qu’en pensez-vous ?
illustration : © CC, Manfred Werner // notes : (1) Le mouvement a permis de nombreux paysans d’obtenir des prêts, des formations à l’agriculture biologique et d’accéder à des banques de semences naturelles. // (2) La biopiraterie est l’appropriation par les firmes agro-chimiques transnationales des ressources universelles, notamment les semences.