Après deux mois de travaux, le premier tronçon d’autoroute solaire est enfin prêt en Normandie. Cette expérimenation soulève toutefois des interrogations.
C’est dans le petit village de Tourouvre, dans l’Orne, qu’a vu le jour un premier tronçon, long d’un kilomètre, d’une autoroute à panneaux photovoltaïques. L’électricité produite est suffisante pour alimenter l’éclairage public d’une commune de 5.000 habitants.
Une symbiose originale
L’idée de marier les autoroutes et l’énergie solaire est nouvelle : le kilomètre d’autoroute normande constitue une première mondiale. À son origine, deux constats. Tout d’abord, les autoroutes sont occupées par les véhicules seulement 10 % du temps en moyenne. Ensuite, l’installation de panneaux photovoltaïques à la campagne entraîne la déforestation ou réduit la superficie des terres cultivables. La possibilité de satisfaire les besoins de transport et de production d’électricité dans un seul ouvrage présente donc un intérêt environnemental.
© Valerie Bennett
La création de cet équipement a nécessité cinq ans de recherches et 5 millions d’euros, entièrement prises en charge par l’État. Le projet a été réalisé par la société Colas, filiale du groupe Bouygues, et le CEA Tech.
Des nombreux points faibles
Mais la technologie n’est pas sans inconvénients. N’étant pas inclinés, les panneaux photovoltaïques routiers ont un rendement moindre que leurs équivalents classiques. L’électricité produite par ce moyen est également beaucoup plus chère : 17 euros le watt-crête, contre seulement 1,3 euros pour une toiture solaire. Étant donné un tel écart, l’intérêt économique de ces projets soulève des interrogations.
© COLAS – Joachim Bertrand
La durée de vie d’une autoroute solaire dans les conditions d’utilisation réelles reste également inconnue, ce tronçon étant une première mondiale. Le manque de communication de la part de ses inventeurs sur ce sujet rend également suspect.
Cependant, en inaugurant ce premier tronçon, Ségolène Royal a annoncé l’existence d’un « plan de déploiement national des routes solaires », avec pour objectif la réalisation de 1.000 km de voies solaires d’ici cinq ans, soit 1.000 fois plus que ce qui a été réalisé en Normandie.
Illustration bannière : – © llaszlo Shutterstock