En rejetant l’Accord de Paris sur le climat conclu fin 2015, le Président américain, Donald Trump, force le reste du monde à se positionner. Contre toute attente, c’est une mobilisation politique en faveur de la lutte contre les changements climatiques que Trump suscite au lendemain de sa décision. C’est une bonne nouvelle.
Donald Trump, en annonçant en fin de journée jeudi 1er juin 2017, que les Etats-Unis d’Amérique se retiraient de l’accord international sur le climat, pense rendre l’Amérique forte de nouveau et, probablement, entraîner un mouvement de désistement d’autres Etats, qui ne ratifieraient pas l’accord, et satisferaient les industries des énergies fossiles. C’est l’inverse qui se profile.
Nicolas
Au lendemain de son annonce, crainte depuis quelques temps, les réactions de dépit sont nombreuses de par le monde. Sentiment de « colère », pour Nicolas Hulot, le nouveau ministre français de la transition énergétique qui dénonce « une injure à l’avenir ». Sentiment de « détermination » pour Laurence Tubiana, qui a eu la charge de conduire les négociations qui ont présidé à l’accord. Annonce d’engagement réaffirmé des dirigeants chinois… Bien plutôt qu’un effet domino, c’est l’isolement des Etats-Unis sur le dossier qui se dessine.
Une mobilisation politique sans précédent
Au total, Mr. Trump aura ainsi réussi à générer ce qui manquait à l’Accord de Paris : un engagement politique et au plus haut niveau. Car si cet accord a été approuvé par les négociateurs des Etats en décembre 2015, peu de dirigeants s’y étaient rendus, échaudés qu’ils avaient été par leur participation à l’échec sur la ligne d’arrivée d’une tentative d’accord précédente, à Copenhague en 2009. Et tous les Etats n’ont pas à ce jour ratifié l’accord (147 sur 197 tout de même, de quoi faire que le retrait américain n’empêche pas l’entrée en vigueur de l’accord dans le droit international).(2)
Aujourd’hui, ce sont des chefs d’Etat qui soulignent leur appui. Mais aussi de grands patrons. Des maires de grandes villes. Des dirigeants d’Etats américains, Californie en tête. Le Premier Ministre français a dénoncé une « décision calamiteuse » du Président américain. Le porte-parole des Nations unies a dit sa « grande déception ». Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne a fustigé une décision « gravement erronée ».
Coïncidence des agendas, les Chinois et les Européens étaient réunis aussi à partir du 1er juin à Bruxelles et vendredi 2 juin pour une réunion au sommet. Mr. Trump les pousse dans les bras les uns des autres autour de la cause climatique, alors que, pendant des années, la Chine était l’un des obstacles majeurs à un accord international.
Désormais, la Chine tourne le dos au charbon et investit massivement dans les énergies renouvelables. Selon un projet de déclaration commune que l’AFP a pu consulter, Chine et Europe « confirment leurs engagements envers l’accord historique » de Paris et « accélèrent leur coopération pour améliorer sa mise en oeuvre ».
« Make our planet great again »
Donald Trump ne gagne pas non plus la bataille médiatique avec cette annonce. L’intervention ferme et en anglais d’Emmanuel Macron, au soir même de l’annonce américaine, invitant à « rendre la planète formidable de nouveau », en contre-pied exact du président américain, a été relayée sur les médias du monde entier.
Le recul de l’Histoire nous permettra mieux de juger de l’impact de l’erreur de jugement du Président américain. Au lendemain de son annonce, on peut espérer qu’il ait infléchi son cours dans le bon sens, malgré lui.