Voici une nouvelle qui a de quoi nous rendre un peu sceptiques : la pollution atmosphérique aiderait les plantes à lutter contre le réchauffement climatique selon une récente étude anglophone ! Alors, vite, n’attendons plus : sortons faire une ballade en 4×4, la clim’ à fond, fenêtres ouvertes, cheveux au vent…
On plaisante bien entendu, mais cette étude, publiée dans la très sérieuse revue Nature, souligne un gros paradoxe : il serait d’autant plus difficile de lutter contre le réchauffement que la lutte contre la pollution s’amplifie !
La dépollution, une nuisance pour le climat ?
Qui aurait cru un jour se poser cette question : lutter contre la pollution peut-il aggraver le réchauffement climatique ? N’importe qui aujourd’hui répondrait "bien sûr que non !", et pourtant…
Selon un groupe de chercheurs de Grande-Bretagne et de Suisse, la pollution de l’air atténuerait le réchauffement, en aidant les plantes à emmagasiner davantage de gaz a effet de serre !
Leur étude, publiée dans la revue Nature du 23 avril 2009, a en effet calculé que les particules en suspension dans l’atmosphère améliorent la diffusion du rayonnement solaire et augmenteraient donc la photosynthèse, processus par lequel les plantes absorbent puis transforment énergie solaire, CO2 et eau en nutriment :
- lorsque le ciel est pollué, la flore recevrait moins de rayons directs du soleil. Mais les particules qui flottent dans l’air aurait un "effet miroir", et vont réfléchir la lumière : cette lumière dispersée par les particules pénètre plus bas dans les forêts, les feuilles de plantes mais aussi le sol, qui auraient dû être à l’ombre, se retrouvent exposées à la lumière et absorbent plus de CO2 !
- A l’inverse, lorsque l’air est pur, le rayonnement reste direct, les végétaux se font eux-mêmes de l’ombre et leur capacité à capter le CO2 atmosphérique décroît.
Le saviez-vous ?
La flore, en particulier la forêt tropicale, absorbe un quart du dioxyde de carbone (CO2), principal gaz a effet de serre produit par la combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).
Réchauffement climatique : arrêter de purifier l’air ?
Cette étude est la première à calculer les conséquences de cette pollution aux particules ("obscurcissement global"* ou global dimming) sur la capacité d’absorption de CO2 de la flore :
- Selon l’étude, les effets de cette pollution atmosphérique aurait augmenté la productivité végétale globale de près de 25 % entre 1960 et 1999, entrainant une hausse de 10 % de la quantité de carbone stockée par la Terre.
- Sans cette pollution, la température moyenne à la surface de la Terre aurait ainsi augmenté de 1 ou 1,1 degré depuis le début de l’industrialisation, et non de 0,7 degré, selon Knut Alfsen, directeur du Centre de recherche international sur l’environnement d’Oslo.
Or, toujours selon cette étude, la réduction de la pollution atmosphérique, due notamment au durcissement des normes anti-pollution, devrait aller plus vite que la stabilisation des émissions de CO2 : l’effet bénéfique de ce "rayonnement diffus" sur la photosynthèse devrait donc disparaitre avant la fin du siècle.
Bref, si nous continuons à purifier l’air, ce qui est indispensable à notre santé, il deviendrait de plus en plus difficile de lutter contre le changement climatique par une réduction des émissions de CO2…
Alors, faux débat ou nouveau casse-tête ?
* l’«obscurcissement global» correspond à la diminution de la quantité de lumière qui parvient à la surface de la Terre à cause de la pollution atmosphérique.
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