Les dissensions sont de plus en plus grandes au sein de la Commission Baleinière Internationale, alors que les pays pro-chasse viennent une nouvelle fois de réussir à bloquer la création d’un sanctuaire dans l’Atlantique sud pour ces cétacés menacés d’extinction.
La proposition de sanctuaire pour les baleines en Atlantique-Sud, sur la table depuis 20 ans maintenant, a été rejetée par la Commission Baleinière Internationale (International Whaling Commission, IWC), l’organisme mondial chargé de réglementer la chasse à la baleine et de protéger les cétacés, qui se réunit cette semaine au Brésil. Pourtant pour le partisans du sanctuaire, au-delà de la chasse, il permettrait de protéger les cétacés d’autres dangers, tels que les collisions avec les navires.
Nouveau rejet du sanctuaire pour les baleines, une triste nouvelle
Depuis 2001, de nombreux pays réclament la création de ce sanctuaire de 20 millions de km2 où évoluent une cinquantaine d’espèces de cétacés. Présenté par le Brésil, l’Argentine, le Gabon, l’Afrique du Sud et l’Uruguay, le texte, pour être adopté, devait obtenir 75 % des votes de cet organisme comptant 89 pays.
Rappel
Il existe aujourd’hui deux sanctuaires dans l’océan Indien ainsi que dans l’Antarctique, terrain de chasse du Japon
Le texte a reçu le soutien de 39 membres, alors que 25 autres ont voté contre, Japon, Russie, Islande, Corée et Norvège en tête, et 3 se sont abstenus, ce qui ne permet pas d’obtenir les 75 % de voix favorables nécessaires à l’acceptation du projet.
Le Japon crie victoire !
Le premier pays à se féliciter du refus de la proposition, c’est bien sûr le Japon qui juge la nécessité d’un sanctuaire pour baleines « sans fondement scientifique ». Pour les pays pro-chasse, aucune preuve scientifique ne permet de soutenir ce projet d’autant plus qu’il n’existe pas de chasse à la baleine commerciale dans l’Atlantique Sud !
Baleine et son petit © Dewald Kirsten
Cette année, le Japon propose même de rétablir la chasse commerciale avec des limites de capture. Sa proposition estime que : « La science est claire : il existe certaines espèces de baleines dont la population est suffisamment saine pour être récoltée (sic) de manière durable ». Et le pays compte bien la porter jusqu’à un scrutin avant la fin de la conférence le 14 septembre.
L’argument scientifique pour mieux vendre la viande de baleine
Officiellement, le Japon pêche la baleine pour des raisons « scientifiques ». Mais les cétacés pêchés finissent tout de même sur les étals des marchés, le pays arguant qu’il s’agit là d’une tradition culturelle. Cette année, le quota du Japon était de 985 cétacés mais la pression des organisations et associations internationales a permis de réduire le nombre de baleines réellement tuées.
Les associations ne décolèrent pas
Du côté des défenseurs des cétacés et des États partisans du projet (qui sont généralement ceux qui profitent des activités touristiques liées à la présence des baleines), le rejet de cette proposition est comme toujours mal vécu. Ils regrettent que les efforts pour créer ce sanctuaire soient sapés par des États membres situés à des milliers de kilomètres de l’Atlantique sud, parfois même pas dans le même hémisphère… Tous les États côtiers de l’Atlantique Sud, de leur côté, soutiennent pleinement la proposition. Chercher l’erreur !
Depuis des années, Greenpeace accuse le Japon d’acheter le vote d’autres pays pour s’assurer que le sanctuaire ne voit pas le jour.
Les baleines face à de nombreuses menaces
Tout d’abord, le réchauffement climatique et l’augmentation de la température l’eau modifient leur milieu naturel. Ce sont l’ensemble des écosystèmes qui sont en danger.
La chasse est un autre problème et peut directement menacer la survie des cétacés si plusieurs individus d’une même espèce sont abattus. De même, il y a une certaine barbarie quand des baleines sont mal harponnées et parviennent à s’échapper, blessées ou quand une baleine est amenée à bord et se vide de son sang jusqu’à mourir. Le Japon utiliserait d’ailleurs des harpons à tête explosive…
Tout cela pour quoi, pour la science ! ? La chasse à la baleine est pourtant de plus en plus un combat d’arrière-garde. Plusieurs enquêtes rapportent d’ailleurs que la viande de baleine ne se vendrait plus si bien au Pays du Soleil levant… Et nombreux sont les Japonais qui n’en mangent pas !
Les baleines tuées par les navires
Entre 1979 et 2009, les baleines de l’Atlantique Nord ont continué à voir leur population stagner. Des chercheurs ont montré que, sur cette période, les décès de baleines ont été deux fois sur trois causées par l’activité humaine : pêche (étranglement dans les filets), pollutions plastique et chimique, trafic maritime (collisions, bruits)…
Force est de constater que les baleines ne sont pas encore bien protégées depuis le temps… Ce sont des espèces hautement migratrices et elles font face à de multiples menaces qui peuvent même se cumuler. Leur conservation implique donc un effort multilatéral concerté. Quand va-t-on enfin arrêter le massacre ?
Article mis à jour
Illustration bannière : Baleine en Afrique du Sud – © Brett Atkins