Les enfants qui habitent près d’une centrale nucléaire ont un risque augmenté de manière « statistiquement significative » . C’est une étude de l’Office fédéral allemand de protection contre les rayonnements qui l’affirme.
Une étude qui tranche avec les précédentes
L’étude allemande n’est pas conforme aux études précédentes menées jusqu’à présent dans divers pays. Elle a porté sur une période de 23 ans, de 1980-2003 et s’est appuyée sur des données épidémiologiques. Les chercheurs de l’université de Mayence ont montré que 37 cas de cancer du sang (leucémie) sont apparus chez les enfants de moins de 5 ans au lieu de 17 cas attendus selon les moyennes « normales ».
Cet écart de 117 % est donc imputable à la géographie : plus la proximité avec une centrale est grande et plus le risque de cancer infantile est élevé. L’étude montre même que le risque accru demeure dans un périmètre de 50 km autour d’une centrale.
Inquiétant alors que la plupart des études antérieures concluaient qu’il n’y a pas d’augmentation de la fréquence des leucémies à proximité d’une installation nucléaire. Certaines études spécifiques comme celle menée près de l’usine retraitement de Sellafield montrait pourtant que le risque de leucémie double pour les enfants des salariés de l’usine.
En France, dans une zone de 10 km autour de l’usine de retraitement de La Hague dans la Manche, on a relevé une incidence 6 fois supérieure à la « normale » parmi des enfants de 5 à 9 ans.
Cette étude paraît alors que le débat sur la fermeture des centrales nucléaires repart de plus belle en Allemagne. Pour la fermeture et la sortie du nucléaire : les partis d’opposition, Les Verts et le parti de gauche Die Linke. Rappelons qu’en 2000, le gouvernement SPD Verts avait décidé l’arrêt total des centrales d’ici à 2021.
L’union CDU-CSU milite pour l’allongement de la durée de vie des réacteurs nucléaires et, tout comme le gouvernement allemand, préconise de prendre les résultats avec grande prudence. Certains pensent même qu’une augmentation du nombre de cancers chez des enfants ne peut pas être provoquée par la radioactivité provenant d’une centrale.
Au final, tirer des conclusions de ces résultats n’est pas facile : en effet, un lien statistique n’implique pas forcément qu’un phénomène est la cause de l’autre. En l’absence de preuve sur un tel lien de causalité, on pense à diverses hypothèses :
– Les pères des enfants n’auraient pas été exposés à des rayonnements ionisants ?
– On se demande si le virus expliquant les leucémies d’origine infectieuse n’ont pas été transmises grâce au brassage de populations près des centrales nucléaires,
– Les épidémiologistes évoquent aussi le « hasard » des agrégats statistiques notant que par ailleurs, la plupart du temps, on ne connaît pas l’origine des quelque 450 leucémies d’enfants chaque année en France.
Personnellement, toutefois, je préfère ne pas vivre près d’une centrale nucléaire. Et vous ?