Depuis sa décision de stopper le nucléaire, l’Allemagne importe plus d’énergie. C’est ce qu’on entend souvent au sujet du retrait allemande de la filière de l’atome. Une étude toute chaude (si on peut dire), vient contredire cette idée reçue.
L’Allemagne n’importe pas plus d’électricité nucléaire
Ce sont les services du Ministère des Affaires étrangères qui se font l’écho de ce constat. Selon une étude d’un célèbre cabinet d’analyse économique allemand (1) portant sur les « Conséquences de la sortie du nucléaire allemande sur les échanges d’électricité avec les pays voisins« , l’Allemagne n’a pas importé d’énergie nucléaire supplémentaire pour compenser la fermeture de 8 de 17 de ses centrales nucléaires.
En 2011 donc, les importations d’électricité d’origine nucléaire n’ont pas augmenté. Cette conclusion contredit ce qu’affirment les opposants au virage énergétique de nos voisins (l’Energiewende). La sortie progressive du nucléaire en Allemagne n’est donc pas compensée par une augmentation des importations d’énergie nucléaire de pays voisins. C’est un bon point ; mais pourquoi ne pas mesurer les importations d’électricité produite à partir du charbon chez ses voisins ?
- Les échanges énergétiques avec la République tchèque n’ont quasiment pas bougé depuis 2010.
- Quant à la France, même si elle a exporté en 2011 plus d’électricité vers l’Allemagne qu’en 2010, cela n’a représenté que 1 % de la production d’électricité allemande : pas de quoi entraîner une augmentation de la production nucléaire en France. Mieux (du point de vue allemand), dès 2012, la France a vendu moins d’électricité à l’Allemagne comparé à avant la sortie du nucléaire allemande.
Des exportations d’électricité en nette hausse
L’Allemagne serait tout à fait capable de répondre à ses propres besoins énergétiques et d’exporter, dans le même temps, de l’électricité vers d’autres pays. D’ailleurs selon le BDEW (2), l’Allemagne a exporté en 2012 encore plus d’électricité que jamais auparavant. En 2012, elle a exporté de l’électricité en été pour la première fois en 10 ans ; ce qui aurait été permis par la croissance des énergies renouvelables, et en notamment du photovoltaïque (lourdement subventionné en Allemagne).
- En 2012, l’Allemagne a généré près de 45 % de sa production électrique à partir de lignite et de houille.
Conclusion : Revers de la médaille sur lequel les partisans du virage anti-nucléaire ne s’étendent pas, les centrales à charbon allemandes ont été maintenues en service car elles s’adaptent bien moins facilement aux variations de la demande d’énergie.
Dernier point, l’étude souligne que les bas prix actuels des quotas de CO2 favorisent la compétitivité du charbon et elle conclue en réclamant une hausse des prix des quotas au niveau européen pour favoriser la sortie du charbon en Allemagne. Elle préconise à la place du nucléaire et du charbon, l’utilisation de centrales au gaz flexibles, qui permettraient une transition plus douce vers un mix électrique 100 % renouvelable.
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Émissions de CO2 par type d’énergie
- Nucléaire : 19 kg équivalent carbone par tonne équivalent pétrole
- Éolien : 32 équivalent carbone par tonnes équivalent pétrole
- Solaire photovoltaïque : 316 équivalent carbone par tonne équivalent pétrole
- Gaz Naturel : 651 kg équivalent carbone par tep
- Pétrole – essence : 830 kg équivalent carbone par tep
- Diesel – fioul : 856 kg équivalent carbone par tep
- Charbon : 1123 kg équivalent carbone par tep
(1) étude réalisée à la demande de l’association Greenpeace Deutschland réalisée par l’Institut d’écologie appliquée (Oko-Institut), basé à Fribourg (Bade-Wurtemberg),in bulletins-electroniques. Cette étude est disponible en intégralité ici (en anglais) : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/O2mE7
(2) La Fédération allemande des industries de l’énergie et de l’eau