Si vous êtes amateur de science-fiction ou de technologie spatiale vous savez qu’un des défis majeurs de l’exploration spatiale est d’atteindre l’autarcie totale dans les stations ou vaisseaux spatiaux. Les tests menés à ce jour par les Russes, les Américains, les Français, etc. montrent qu’on arrive à recycler quasiment tous les matériaux utilisés à bord d’une station spatiale mais pas tout.
Il reste toujours des pertes minimes d’humidité et donc d’eau : 1 % environ tous les cycles de réutilisation. A long terme, ce n’est pas la nourriture qui pose problème, mais bien l’eau qui finit immanquablement par manquer.
Le recyclage de l’urine toujours plus performant
Une des pistes suivies par les chercheurs de l’ESA (agence spatiale européenne) porte sur la manière de recycler les excréments et l’urine humain pour toujours plus minimiser le substrat qui reste après filtration. Les techniques de filtration et transformation de l’urine en bonne eau pure sont donc très au point.
Comme l’explique, Jean-Claude Levran, Responsable de la section « Infini-selles » de l’ESA à Toulouse, « on peut faire pipi et boire son urine transformée en eau un bon millier de fois. Mais on ne sait pas aller au-delà sans perdre un volume important d’eau ou sans altérer la qualité de l’eau. On ne sait pas faire mieux. » Les astronautes boivent de l’eau filtée à partir de leur urine dans la Station spatiale internationale (ISS), mais la machine chargée du filtrage consomme trop d’énergie.
Obtenir de l’eau recyclée à l’infini
Pourtant, ce problème qui est gênant quand on va faire un petit tour sur la planète Mars, n’en est pas un quand on veut juste vivre en autarcie sur terre. Ce constat a motivé Michèle Lorain et son directeur, Rachid Zaria, à quitter l’ESA pour créer une start-up prometteuse, présentée à la presse jeudi dernier au CNIT à la Défense, près de Paris. consoGlobe y était pour vous.
« Univers-selles », c’est son nom, va commercialiser à partir du 1er juin le premier kit grand public qui utilise des technologies spatiales mais pour le grand public.
Le kit « Univers-selles » de base vous permet de recycler vos excréments, urine et même d’éventuels vomissures en eau pure et en granulés nutritifs, avec un « taux d’efficience » de 94 % dignes de … la Nasa. Autrement dit, à chaque cycle, seulement 6 % de vos urines et de vos celles sont perdus : un record d’efficacité !
Le kit est une sorte de sani-broyeur intelligent de 40 cm sur 50 cm qui se branche sur le conduit des toilettes classiques. Il réutilise les « matériaux » et les entraînent dans une micro-usine. Là, des nano-machines et des bactéries sont mises à contribution pour dégrader les éléments puis les transformer en hydrogène, en eau, en sels minéraux, en acides aminés et en divers nutriments de base.
Le kit « Selles-mobile » est destiné aux amateurs de trekk, de camping ou à ceux qui voudraient s’enterrer dans un abri atomique. Michèle Lorain, lors de la conférence de presse a dévoilé le modèle « design » de « l’Univers-selles » livré en différentes couleurs de manière à se faire discret dans votre salle-de-bain ou votre caravane.
Pour démontrer l’efficacité du kit Univers-selles, elle a bu de grands verres d’eau issue des urines de son associé et a mangé une tartelette cuisinée avec les ingrédients issus de son appareil magique.
Ce n’est pas une idée neuve car le chercheur Japonais Mitsyuki Ikeda : le «caca burger». L’idée est de créer une sorte de viande reconstituée à partir de protéines extraites de déjections humaines mélangées à du soja et de la steak sauce. Comme le dit l’ex-chercheur de l’ESA, on franchit vite le «blocage psychologique» qu’on ressent à l’idée d’ingurgiter une viande artificielle faite d’excréments. Miam !
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