Chaque jour des tonnes de résidus de médicaments évacués se retrouvent dans l’eau. Et même si les risques pour l’homme restent négligeables, l’impact sur l’environnement est indéniable. Que faire ?
La 1ère Conférence internationale sur les risques liés aux résidus de médicaments dans l’environnement vient de se tenir à Paris. Plus de 250 chercheurs se sont déplacés pour la question de la pollution des eaux par les médicaments. Le phénomène ne date pas d’hier mais il a été mis en évidence grâce à des instruments de mesure toujours plus précis.
Ce qui soigne l’homme détruit son environnement
Un bienfait peut cacher un désastre, ainsi que l’explique Yves Lévi, professeur agrégé de pharmacie et organisateur de cette première conférence internationale : « Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons développé de nombreuses molécules merveilleuses qui soignent et nous permettent de vivre plus vieux. Mais le revers de la médaille, c’est que ces produits constituent désormais un risque grave pour l’environnement ». Le processus de pollution est d’une logique implacable : les molécules qui transitent par le corps sont évacuées par les voies naturelles, soit digestives, soit urinaires. Dans ce dernier cas, le plus fréquent, la plupart des médicaments fait l’objet d’une métabolisation qui rend les molécules hydrophiles.
L’environnement plus atteint que l’homme
Que trouve-t-on le plus souvent dans les eaux ? Des antibiotiques et des anti-inflammatoires, peu d’anticancéreux en revanche. 20 % de ces « déchets » proviennent des centres de soin, le reste des maisons particulières et des cabinets vétérinaires. Les élevages industriels animaux et piscicoles rejettent antibiotiques, antiparasitaires et hormones. Quant aux stations d’épuration, elles s’avèrent inefficaces parce qu’inadaptées au problème : les bactéries ne sont souvent pas capables de dégrader ces éléments chimiques de synthèse.
Reste à mesurer l’impact sur l’environnement et les conséquences sur les poissons et tout ce qui vit dans l’eau. Mais aussi dans celles réutilisées pour irriguer les cultures. Les risques pour les humains sont moindres parce que l’eau du robinet reçoit des traitements physico-chimiques très efficaces.
Les solutions ? Pour l’heure, il y en aurait deux : augmenter l’efficacité de traitement des stations d’épuration (l’ozone par exemple est un oxydant qui casse les molécules indésirables, mais cela ne fonctionne pas pour toutes les molécules et le procédé coûte très cher), et pour les particuliers, se montrer raisonnable avec l’utilisation des médicaments (éviter la surconsommation, rapporter au pharmacien les boîtes non utilisées).