Selon une enquête choc diffusée dans Envoyé Spécial, les desserts La Laitière sont fabriqués à partir de mouillage, un mélange de lait et d’eau qui n’est pas destiné habituellement aux consommateurs mais aux cochons. Un « recyclage » qui a permis à Lactalis d’économiser beaucoup d’argent au détriment de la qualité.
Diffusée le 22 octobre 2020 dans Envoyé Spécial, une enquête du média d’investigation Disclose, révèle les méthodes frauduleuses de Lactalis. L’industriel français préparerait ses crèmes dessert La Laitière avec un liquide composé d’eau et de lait, habituellement réservé aux cochons.
Le mouillage pour fabriquer les desserts La Laitière
Lait, camembert, roquefort, yaourt… Chaque année, Lactalis, le numéro un mondial des produits laitiers, transforme 5 milliards de litres de lait en produits laitiers. Selon l’enquête Lactalis au-dessus des lois, du média d’investigation Disclose(1), cet industriel français, qui emploie 15.000 salariés dans l’Hexagone, détient 270 usines dans le monde et « pèse désormais 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires sans jamais avoir été côté en bourse », aurait fait des économies sur ses ingrédients en utilisant une technique pour le moins douteuse : le mouillage.
Le mouillage est une sorte de recyclage des matières premières et Lactalis y a eu recours dans son usine de Cuincy, située dans le Nord, où l’on fabrique les célèbres petits pots La Laitière. L’enquête révèle que ces desserts lactés auraient été fabriqués avec l’eau qui a servi à laver les tuyaux de lait. Un liquide qui, en temps normal, n’a pas vocation à fabriquer des desserts mais est donné aux cochons.
Une condamnation et une enquête judiciaire
Cette technique du mouillage a déjà valu une condamnation à Lactalis en 2008 mais la firme a continué à la pratiquer, sans pour autant mentionner sur les étiquettes des petits pots de La Laitière qu’ils contenaient de l’eau. On pourrait penser que c’est pour éviter le gâchis que l’industriel utilise ce liquide mais, l’objectif n’est pas aussi vertueux puisqu’il vise, selon un ancien chef d’équipe de l’usine de Cuincy qui a participé à l’enquête, à « gagner toujours plus d’argent et jeter toujours moins de produit ».
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Cette fois-ci ce n’est donc pas de la « confiture aux cochons que l’on donne » mais des produits de moins bonne qualité que l’on fait manger au consommateur. Cette enquête a fait beaucoup de bruit puisqu’à la suite de sa diffusion, une association qui défend les familles d’enfants qui ont été victimes du lait contaminé aux salmonelles a réclamé une enquête judiciaire « afin que les actes frauduleux évoqués par les journalistes puissent être vérifiés et fassent l’objet de poursuites et de sanctions appropriées ».
Illustration bannière : la modeste fromagerie Besnier de Laval est devenue le numéro un mondial des produits laitiers © Photoagriculture – Shutterstock