Facteurs environnementaux, conception tardive… : en France, 24% des couples sont confrontés à une difficulté à concevoir un enfant qui conduit à consulter un médecin, alerte un nouveau rapport remis au ministère de la Santé.
Le ministère de la Santé s’apprête à s’attaquer au sujet de l’infertilité, véritable fléau dans les pays industrialisés et notamment en France. Un rapport sur la question, rédigé par les professeurs Samir Hamamah et Salomé Berlioux à la demande du ministère de la Santé, vient de lui être remis.
1 enfant sur 30 naît aujourd’hui grâce à l’assistance médicale à la procréation
Longtemps négligé par la communauté médicale mais aussi la société dans son ensemble, le fléau de l’infertilité guette les couples dans les pays industrialisés et notamment en France. Il est désormais estimé que 3,3 millions de personnes sont directement concernées dans notre pays. Depuis 40 ans, le recours à l’assistance médicale à la procréation a en effet progressé sans discontinuer. La proportion d’enfants conçus par fécondation in vitro (FIV) dans la population française progresse de 0,5 % tous les 7-8 ans, et c’est désormais 2,5 % des enfants français qui sont conçus par FIV, soit 1 enfant sur 40. Et en considérant l’ensemble des techniques de l’assistance médicale à la procréation (FIV/ICSI, inséminations artificielles et induction simple de l’ovulation), on peut estimer que 3,4 % des enfants sont aujourd’hui conçus avec tel ou tel type d’aide médicale, soit 1 enfant sur 30, alertent les professeurs Samir Hamamah et Salomé Berlioux dans un rapport qu’ils ont récemment remis au ministère de la Santé.
Si le recours à l’assistance médicale à la procréation s’avère si souvent nécessaire, c’est parce que les capacités naturelles des hommes et des femmes à concevoir ont diminué. En cause, l’exposition à des produits reprotoxiques, tels que les perturbateurs endocriniens, présents dans l’environnement quotidien (alimentation, atmosphère intérieure et extérieure, expositions professionnelles). Chez une partie de la population, c’est également la consommation de tabac ou de cannabis, l’obésité et les troubles de l’alimentation qui jouent un rôle : tous ces comportements avaient précédemment été identifiés comme étant des facteurs d’infertilité.
La fertilité a décliné ces dernières décennies tant chez les femmes que chez les hommes
Tant les hommes que les femmes sont concernés par l’infertilité – © fizkes
Parmi les facteurs de l’infertilité il y a aussi l’âge moyen, de plus en plus tardif, de la conception d’un enfant. En effet, un quart des enfants nés en France en 2020 avaient, au moment de la naissance, une mère de 35 ans et plus et un père de 38 ans et plus… alors même qu’en 1975, les femmes mettaient au monde leur premier enfant à 24 ans en moyenne. La fertilité féminine décline en effet dès 30 ans, et cette chute s’accélère significativement à partir de 35 ans. L’insuffisance ovarienne physiologique de la femme liée à l’âge s’accompagne également d’une altération de la qualité des ovocytes.
Lire aussi : La pollution perturbe les cycles menstruels des jeunes femmes
Chez les hommes, le risque d’infertilité augmente quelque peu à partir de 40 ans, puis explose au-delà de 50 ans. Chez la gent masculine, l’infertilité est liée surtout au déclin de la « concentration spermatique », en d’autres mots, la trop faible concentration de spermatozoïdes dans l’éjaculat. Sur la période allant de 1973 à 2011, les scientifiques ont en effet observé un déclin de plus de 50 % de la concentration spermatique, et on peut supposer que la tendance s’est poursuivie au-delà.
Les auteurs du rapport alertent enfin sur le fait que la médecine n’est pas toute-puissante. Malgré toutes les techniques médicales disponibles, le risque pour une femme de rester sans enfant est multiplié par deux à 35 ans et par six à 40 ans. Le risque de rester sans enfant passe de 6 % à 30 ans à 14 % à 35 ans, puis à 36 % à 40 ans.
Illustration bannière : Infertilité en France – © Chinnapong