Va-t-on arrêter d’enfermer et tuer les dauphins ?
L’information ne circule pas si bien
Chose cocasse : une manifestation avait même lieu à Tokyo, certes plus discrète et beaucoup plus encadrée :
Car, même à l’heure de la société de l’information, l’information ne circule pas si bien qu’on pourrait le croire. Si 20.000 dauphins sont tués au Japon chaque année, ce qui se passe à Taiji est soigneusement caché aux Japonais.
Le grand public a eu connaissance des pratiques de Taiji essentiellement par le biais d’un documentaire intitulé The Cove, la baie de la honte.
Le film a remporté un Oscar en 2010 mais est toujours interdit de diffusion au Japon : il faut donc ruser pour le voir dans le pays.
L’enfermement des dauphins moins bien vu du grand public
Un autre documentaire a fait beaucoup parler de lui : réalisé par Gabriela Cowperthwaite, Blackfish revenait en effet sur la condition des orques en captivité.
En cause : l’espérance de vie des animaux et d’une manière générale leurs conditions de vie et l’évolution de leur comportement, jusqu’au meurtre d’une dresseuse en l’occurrence.
Le film a eu des retombées rapides et notamment plusieurs projets de loi, notamment aux Etats-Unis où un sénateur californien a lancé en mars 2014 un projet de loi visant à interdire la captivité des orques. Un problème très concert pour SeaWorld, l’ensemble de parc d’attractions spécialisé dans la découverte et l’exploitation des animaux marins.
L’entreprise a d’ailleurs chuté de 33 % à la Bourse de New York et se trouve en fâcheuse position. Aux spectateurs cependant d’agir puisque tant que les parcs animaliers seront fréquentés, faute d’une législation très dure, ils existeront.
Le prétexte de la pratique culturelle
L’excuse préférée des chasseurs est de toute façon toujours en vogue : c’est une « pratique culturelle », excuse déjà brandie comme un étendard dès qu’on évoque la chasse à la baleine.
Et pourtant la pratique aurait dû disparaître au Japon : la viande de dauphin ne se vendait pas, notamment à cause de la pollution au mercure dans les eaux. SeaWorld a néanmoins eu besoin de peupler ses parcs avec des orques et a demandé aux pêcheurs de reprendre leur activité à Taiji. C’est ainsi que derrière la pratique culturelle se cache en fait l’approvisionnement des parcs.
© CC, Erik Christensen
Le poids des traditions est certes fort. Aux îles Féroé, justement, il est tellement fort qu’on organise des congés afin que le maximum de gens puissent tuer les dauphins lors du Grindadráp.
L’événement existe à cause de l’isolement très fort des îles, conduisant ses habitants à se nourrir de la chair des globicéphales. On tuait donc des dauphins et des baleines dès le XVIème siècle et probablement même avant.
A l’heure actuelle, l’événement est organisé dans une ambiance festive et les enfants y participent également. Quand ceux-ci sont trop jeunes, on leur parle des massacres et on leur promet qu’ils pourront eux aussi nager plus tard dans la mer teintée de sang.
© CC, Erik Christensen
Comme au Japon, la consommation de la viande de dauphin est considérée comme toxique. Si le Grind n’est plus nécessaire pour procurer des protéines aux habitants des îles, la tradition perdure toujours…
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illustration : © CC, Erik Christensen