Les pays de l’Union Européenne ont voté le 27 novembre le renouvellement, pour cinq ans, de l’autorisation du glyphosate, un herbicide utilisé dans le monde entier. Les défenseurs de l’environnement sont choqués et déçus.
Les négociations autour de l’autorisation ou non du glyphosate durent depuis longtemps. Le 27 novembre, une décision a enfin été prise pour l’Europe… mais sans doute pas la meilleure pour l’environnement.
Le glyphosate autorisé pour cinq ans de plus
Le glyphosate est un herbicide utilisé en agriculture dans le monde entier. Commercialisé par le géant Monsanto, il est néfaste pour l’environnement et considéré comme une substance cancérigène probable par l’OMS. Malgré ces recommandations, seize des vingt-huit pays de l’UE ont voté pour le renouvellement de sa licence pour cinq ans.
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La licence expirait le 15 décembre. Après des mois de tractations, le temps était donc à la prise de décision. La France avait fait entendre sa voix à plusieurs reprises pour interdire l’herbicide au sein de l’UE, et a voté contre le renouvellement. En vain. L’Italie faisait également partie des frondeurs. En revanche, l’Allemagne, le pays des groupes de chimie et de pharmacie Bayer et BASF, plutôt neutre jusqu’à présent, a voté pour. Les ONG et les associations de défense de l’environnement sont choquées.
Sortir du glyphosate dans trois ans
Sur son compte Twitter, le président de la République Emmanuel Macron a posté un message quelques heures après le résultat du vote : « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans. »
La réaction de Nicolas Hulot sur RTL
Du côté de la FNSEA, on ne se réjouit pas du renouvellement de l’herbicide en tant que tel, mais on convient qu’il faut encore un peu de temps pour trouver des alternatives au glyphosate pour les agriculteurs, « Nous allons travailler avec les agriculteurs et les chercheurs pour trouver des solutions alternatives d’ici-là », explique Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire.
Selon Karine Jacquemart, directrice générale de l’ONG de défense des consommateurs, Foodwatch, « On fait passer les lobbies de l’industrie chimique devant la santé des agriculteurs, des consommateurs et de l’environnement ». Elle a également commenté sur franceinfo : « Rien n’est acté vers une sortie du glyphosate. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le renouvellement de cinq ans ne veut pas dire qu’on a décidé d’en sortir dans cinq ans. Cela veut dire qu’il n’y a aucune décision de prise. On renouvelle, on reporte, c’est une fuite en avant et la question se reposera dans cinq ans ».
En tergiversant si longuement pour arriver à un tel résultat, les gouvernements nationaux et la Commission européenne ont réussi, une fois de plus, à montrer que les lobbies de l’industrie chimique passent toujours avant la santé des agriculteurs, des consommateurs et de l’environnement !
Illustration bannière : Pulvérisation de pesticides, glyphosate – © riopatuca